Des niveaux élevés de plomb (Pb), élément chimique particulièrement dangereux pour le développement mental des enfants, ont été mesurés récemment dans l'eau du robinet à Washington.
Erik Olson, directeur des programmes sur l'eau potable du Natural Resources Defense Council/NRDC, groupe de défense de l'environnement précise que ''la crise de Washington est un reflet de la situation dans l'ensemble du pays''. Il précise qu'il existe des problèmes dans d'autres grandes métropoles, en raison, au-delà du plomb, du réseau de distribution constitué de conduites en fer anciennes et dans lesquelles se développent des bactéries.
Appuyant les propos d’E. Olson, des estimations officieuses du Centre fédéral de contrôle des maladies infectieuses d'Atlanta indiquent que l'eau consommée serait responsable d'au moins 900.000 cas d'intoxication d'origine bactérienne plus ou moins graves. Ainsi, le pire cas en 30 ans d'intoxication collective par l'eau s'était produit en 1993 à Milwaukee où 400.000 personnes sont tombées malades, dont une centaine sont décédées.
Erik Olson met également en cause les systèmes trop anciens de filtrage avec du sable qui ne permettent pas d'éliminer les pesticides et autres polluants industriels actuels. Il dénonce ainsi des technologies de traitement de l'eau datant de la Première Guerre mondiale encore utilisées dans 90% des grandes villes américaines alors qu'en Europe la purification est assurés par des systèmes utilisant des ultraviolets (UV) et des membranes capables de retenir les bactéries.
Benjamin Grumbles, responsable de la division eau potable de l'Environnemental Protection Agency (EPA) prévoit que la modernisation des infrastructures, destinée à assurer la qualité de l'eau tout en faisant face à l'augmentation de la démographie (325 millions prévus en 2020 contre 290 aujourd'hui), nécessite d'urgence des investissements importants sous peine de se retrouver face à un gouffre financier d'au moins 222 milliards de dollars au cours des vingt prochaines années.
Alors que la solution simple de financement pourrait résider dans l'augmentation du prix de l'eau qui reste très faible aux Etats-Unis comparativement à l'Europe, Jim Elder, un ancien responsable de l'EPA, rappelle que les Américains sont très réticents à payer davantage pour leur eau dont ils font une consommation par trop abondante (environ deux fois plus que dans les autres pays industrialisés, la consommation d'eau moyenne par an d'un foyer américain étant de 400 m3 alors qu'elle est de 150m3 en France) . Craignant le mécontentement de leurs administrés, il précise que les maires des municipalités craignent d'augmenter la facture pour financier une meilleure purification sous peine d'être sanctionnés aux élections.
Selon l’Agence de protection de l’environnement (EPA), le réseau national d’eau présenterait 240.000 fissures qui occasionnent le gaspillage de l’eau potable et causent un danger pour les citoyens. Le plan d’investissement national de 2 milliards de dollars de l’administration Obama pour améliorer les infrastructures hydriques est jugé « insuffisant. »