J’en avais parlé ici brièvement il y a quelque temps, j’ai eu la chance de faire il y a peu l’interview de Sébastien Schuller, un artiste que j’adore. C’était ma première interview en face à face, pas que je n’aime pas l’exercice mais parce que toujours délicat à caser dans les emplois du temps respectifs. Je vous réserve donc la primeur du début de cet interview qui sera visible dès demain sur Indiepoprock.net.
Bonjour Sébastien, merci de nous recevoir. Première question, comment vas tu ?
Ca va (rires).
Quel est le sentiment qui prédomine lorsque débute la promo d’un album et le fait de se retrouver sous les feux des projecteurs après 4 ans d’absence ?
C’est toujours un peu bizarre, j’ai l’impression de toute façon que je ne m’y étais pas spécialement habitué la première fois. En même temps tu as un travail supplémentaire à faire pour essayer de faire découvrir le disque au plus grand nombre donc il faut passer par là et puis des fois ça fait des rencontres agréables avec les personnes qui t’interviewent. Je ne suis pas totalement fermé à ça du tout, la preuve je le fais.
« Happiness », c’était il y a de cela 4 ans, comment as tu occupé ton temps entre tes 2 albums ?
Déjà je me suis marié. Sur un plan personnel ça m’a pris du temps (rires), ça a été une chose importante dans ma vie. D’autre part, juste après la sortie de l’album, il y a eu un an où on a tourné et on a fait pas mal de concerts. Je me suis retrouvé assez épuisé après la fin de la tournée qui s’était enchaînée avec la sortie du disque. Dans la foulée, j’ai fait aussi 3 musiques de films qui sont venues compléter les moments de liberté. En 2007, je me suis remis à écrire des morceaux et en 2008 on a commencé à enregistrer des titres et j’ai passé à peu près un an à enregistrer l’album.
Est ce une volonté chez toi de prendre du temps avant d’enregistrer, de prendre le temps de réaliser des projets annexes à la musique ou bien c’est juste des circonstances?
Non, c’est juste des circonstances. Déjà le laps de temps qu’il y avait eu entre le premier EP et « Happiness », j’avais changé de maison de disques entre temps donc tu mets toujours du temps à retravailler avec une nouvelle maison de disques. J’avais déjà un album de prêt à la suite du EP mais entre-temps tu proposes d’autres morceaux et puis ton premier album, finalement, change et évolue. Cette fois-ci, c’était vraiment lié aux musiques de films que j’ai pu faire. Ça m’a pris 2 ans pour faire le nouvel album, ça paraît plus long vu de l’extérieur mais c’était pas si long que ça.
Tu vis désormais entre Philadelphie et Paris, est ce que cela a changé quelque chose à ta façon d’écrire ?
C’est une question qui revient souvent, c’est assez drôle mais c’est certainement normal. Je pense que ton environnement t’influence toujours d’une manière ou d’une autre donc à partir du moment ou tu en changes, tu découvres autre chose. Il y a certainement des morceaux dont l’essence est venue quand je me trouvais là-bas et qui étaient plus relatifs à mon travail sur Paris donc c’est vraiment un mélange entre les 2. Je me suis aussi parfois retrouvé déphasé avec ces voyages, dans un jet-lag un peu permanent sur pas mal de mois (rires).
Un petit mot sur l’instrumental New-York, est ce que celui-ci a été plus influencé que les autres par ta vie aux Etats-Unis ?
En fait j’aurais pu le faire de France aussi (rires) mais bon c’est vrai que le fait de passer du temps aux Etats-Unis, je me retrouvais un peu comme un immigrant là-bas. En découvrant New-York, la statue de la liberté…, d’un seul coup tu commences à avoir une images des premiers immigrants qui arrivaient dans des bateaux et qui découvraient New-York sous la brume. L’instrumental est une sorte de clin d’oeil à cette vision là.
Tu en as un petit peu parlé, tu as fait des musiques de films dont celle d’Un Jour d’Eté. Je voulais savoir si dans l’autre sens, le cinéma était une source d’inspiration pour ta musique ?
Totalement. Il y a beaucoup de films qui m’inspirent ou des musiques de films. Je passe beaucoup de temps à regarder des films, à aller au cinéma. J’aime énormément Paul Thomas Anderson, je suis vraiment admiratif de son travail aussi bien sur la musique que sur ses films. Je le trouve vraiment impressionnant parce qu’on a à peu près le même âge et il a déjà enchaîné 2-3 chefs d’oeuvre d’affilée.
Il a commencé avec Boogie Nights.
Ouais, Boogie Nights qui était déjà vraiment très bien, puis après il y a eu Punch-Drunck Love, Magnolia et There Will Be Blood. C’est quand même assez impressionnant dans la filmographie d’un réalisateur, surtout à cet âge là. La plupart du temps, j’ai l’impression, les réalisateurs ont besoin de temps pour vraiment bien maîtriser leur sujet, à part certains qui ont un coup de génie d’entrée avec un premier film. C’est d’autant plus impressionnant d’en enchaîner 4 magnifiques comme ça.
C’est vrai…Justement, cette relation privilégiée entre la musique et les images intervient jusque dans tes concerts puisque, pour avoir eu la chance d’assister à celui de la Cigale en 2005, tu utilises des petits films en Super 8 qui sont projetés pendant les morceaux. As tu prévu de faire la même chose pour la tournée à venir ?
C’est encore prévu en effet, j’avais adoré le travail qu’on avait pu faire avec François Lespes, le vidéaste avec qui j’ai écrit aussi la vidéo de Weepping Willow. Quand j’ai commencé à faire mes premiers concerts sur Paris, il faisait déjà des projections tout en Super 8 sur des draps tendus derrière la scène. Maintenant c’est parfois du Super 8, parfois pas, mais il travaille le film comme si c’était du Super 8 en y rajoutant du bruit et du grain. Logiquement il va participer encore à quelques films suivant son temps libre pour qu’on projette ça pendant certains concerts.
Est-ce que quand il filme, c’est en ayant écouté ta musique ou bien vous essayez de les rapprocher par la suite ?
Non, il y a vraiment un travail commun. Sur le premier album et à la Cigale, il y avait des parties de vidéos qui lui étaient plus personnelles par rapport à son propre ressenti de la musique, et d’autres où soit je lui faisais part de ce que j’avais pu avoir en tête quand j’avais composé les titres ou à quoi ils se rapportaient le plus. Parfois, il tombait exactement juste, parfois il faisait des dérivés de ces ambiances là mais dans l’ensemble il y avait une véritable conversation entre nous, c’est pour ça que je pense que ses films ont plu.
Complètement. C’est ce que j’allais te dire, ça se mariait magnifiquement avec ta musique et je pense que j’étais pas le seul à le penser.
Bon je vais lui transmettre, il sera content (rires).
A suivre…