Nous sommes tous des Robert Dupont.
Alors que j’envoyais des messages à mes réseaux sur Facebook pour faire connaître l’affaire de mon ami Philippe, qui est pour moi la goutte d’eau d’injustice qui a fait déborder le vase de la répression érigée en système de gouvernance, devenue un peu trop systématique à mon goût (et au vôtre ?), j’ai eu la désagréable surprise de me voir désactivé subitement, sans aucun signe avant coureur par ce réseau si social…
Comme ça, sans sommation. Facebook est en effet d’une logique démocratique particulièrement adaptée à ce qu’attend de lui notre petit président droit dans ses bottes, et qui aimerait tant que nous soyons tous au garde-à-vous… pour son seul plaisir de psychopathe impuissant à maîtriser le pays dont il a la charge sur ses bien trop petites épaules de nabot autocrate.
Oh, probablement qu’ils ne l’ont pas fait exprès, chez Fesse de Bouc, ce réseau philanthropique bien connu, qui ne veut que votre bien, et celui de vos amis, et que ce n’était pas moi qui était nominativement visé, ni mes activités militantes, ou de simple citoyen défenseur des libertés publiques sur le net… Non, je ne suis pas paranoïaque à ce point. Plus prosaïquement, il est probable qu’un robot informatisé ait détecté que mon activité était anormale dans la mesure d’un certain seuil critique…En effet, envoyer un message à tous mes groupes (300) pour dénoncer deux bavures policières en marge de la venue de Sarkozy à Nancy, et donc multiplier les connexions à faire chauffer ce réseau si amical, voilà qui ne pouvait que les affoler.. Et qui par ailleurs – on ne manquera pas de me le confirmer à maintes reprises automatiquement – n’est pas conforme au règlement intérieur de la maison, que personne ne lit tellement il est écrit petit et que c’est bien compliqué d’en prendre en compte tous les alinéas. D’ailleurs, vous, l’avez vous lu ?
Mais au fait, lequel est-il, ce seuil critique au delà duquel on aurait plus le droit de contacter des membres du réseau ? Plus de 100 messages ? 1000 ? 10000 ? Ce n’est écrit nulle part dans le contrat. Je leur ai donc posé la question… Et il m’a été répondu que ce n’était pas mesurable sur ce registre, qu’il s ‘agissait plutôt de critères qualitatifs variables, et patati, et patata. Autrement dit, justification aléatoire sujette à caution morale… Et place grande ouverte à l’arbitraire. Je le sais, j’ai les preuves… Il a suffit en effet que je fasse connaître mon histoire sur le réseau pour que d’autres à qui cette mésaventure était arrivée (certains pour avoir simplement eu l’audace invraisemblable de faire apparaître une vidéo militante) me confient leurs témoignages…
D’ailleurs, si vous en avez vous aussi, n’hésitez pas à me les envoyer. Je m ‘attends en effet à ce que ce site purement commercial me dresse un procès en bonne et due forme à l’issue de cet article, et vos témoignages et ceux de vos ami(e)s me permettront donc d’étayer mon dossier, et de pouvoir me défendre efficacement. Ceci d’autant plus qu’au jeu de David contre Goliath, en matière de procès, celui qui a le meilleur avocat est bien souvent celui qui a le plus d’argent. Et il se trouve, oh surprise que ce n’est pas moi… La suite, vous l’imaginez aisément, je ne ferai pas injure à votre intelligence en la détaillant plus précisément…
Devant l’arbitraire, ne pas se taire. Ne pas s’y habituer. Jamais. Moi, vous, vos parents, votre famille, vos relations de travail, et tous les autres. Mêmes les plus anonymes. Même devant ce qui peut paraître mineur. Quoi de moins nécessaire en effet que d’être inscrit sur FB ? Broutille que tout cela me direz vous !
Nous vivons cependant dans une société de sur-information où il est (presque) humain de se déshabituer à l’indignation et à la révolte face à des faits hautement plus condamnables moralement que celui qui fait l’objet de ce billet. Quoique. Y a-t-il une échelle d’importance dans l’escalade à la répression et à la limitation de nos droits les plus élémentaires ? A se résigner ainsi, jour après jour, face à l’injustice et aux manquements de plus en plus quotidiens qui entachent la dignité humaine, ne perdons nous pas, peu à peu, plus que notre statut : notre âme ? . C’est en ce sens que notre démocratie me semble en grave danger : nous avons perdu notre capacité à nous révolter.
Mon ami Philippe, lui, ne l’a jamais perdue. Elle est en lui comme en moi chevillée au corps, malgré ses 60 printemps. Et c’est pour avoir tenté de faire connaître par le biais d’un réseau dit social que mon ami avait été gazé, que je me suis fait virer. Symboliquement, c’est surtout cela que moi je vois, avec mes yeux de doux rêveur qui ne se résignera pas, jamais, à ce qu’on tabasse un anonyme devant les yeux d’un ami, et que pour avoir voulu protester, celui-ci se fasse gazer. Un élu de la république, vous réalisez ? C’est assez grave, non, pour que nous nous soulevions, tous ensemble, et en même temps !!!
J’ai participé dernièrement à une réunion/débat sur le thème de mai 68, dans la modeste MJC de ma modeste ville de province. Ce que j’en ai retenu, c’est que l’un des intervenants, qui avait connu cette époque, s’étonnait de ce que la jeunesse ne se révoltait pas davantage face à ce qui était en train de se dérouler sous nos yeux, ce vieux schéma si manifestement inégalitaire, et répressif à un tel point qu’on sent bien que la peur s’installe dans les esprits, au quotidien… « En 68, on s’est révoltés pour moins que ça ! »…
Combien nous faudra-t-il encore laisser, impuissants, de faits divers s’accumuler, qui rendent notre pays invivable, au point de voir notre conscience morale s’ asphyxier, pour, enfin, oser résister ?
Vous seul(e)s avez la clé.
Agir, ne plus subir.
Résistance !