Portier de jour

Publié le 16 mai 2009 par Cetaitdemainorg
Dans mon école, je suis le portier de jour. J'ouvre à huit heures. J'ouvre à huit heures vingt. J'ouvre à treize heures vingt. J'ouvre et je ne ferme pas. Je détesterais fermer. Ouvrir, ce geste humble, me permet d'être philosophe. De poser sur l'humain et le monde un regard qui échappe au cadre de la porte et au cadre de ma pensée. Car je m'efface quand j'ouvre. Mon corps en retrait perd ses contours et voit l'humain et le monde autrement que par mes yeux. Oui. Portier de jour et philosophe. Cela ne dispense en aucun cas de s'abreuver aux textes fondateurs de la philosophie mais c'est dans le retrait à soi qu'ils peuvent s'incarner. Paradoxe ? Bien sûr ! Et indépassable qui plus est ! Mais n'est-ce pas précisément l'aporie qui fait que nous ne renoncerons jamais au langage ? Ce vertige trompeur ?