Une certaine tendance du cinéma français qui continue d’ignorer ses auteurs
Alors que Cannes vient d’ouvrir sa 62ème édition, Pierre Etaix, parrain du cinéma indépendant au sein de ce festival, est à Paris pour la dernière audience de plaidoirie du procès qui l’oppose à la société Gavroche Productions. Celle-ci prétend détenir les droits de ses films et lui demande des sommes astronomiques.
Nous saurons donc très rapidement si nous pourrons voir ou revoir un jour ces films magiques.
Réalisateur né en 1928, assistant de Tati sur Mon oncle, Etaix est connu des cinéphiles pour la réalisation de Yoyo, du Soupirant ou de Tant qu’on aura la santé.
Original et novateur, il a cessé de filmer en 1971, rejeté par le milieu du cinéma, car non commercial. Etaix, après l’échec de son dernier film, Le pays de cocagne tourné en 1971, se consacrera au cirque avec son épouse Annie Fratellini.
Jacques Tati connut la même année, un sort analogue avec son dernier film réalisé pour le cinéma, Traffic (Parade tourné en 1974 est une commande pour une chaîne de télévision nordique).
Pour Tati comme Etaix, la question est de savoir comment leur cinéma peut ouvrir aux spectateurs un accès à des vérités éternelles, universelles.
En France, trop souvent critiques, producteurs, diffuseurs ne reconnaissent le talent des auteurs qu’après leur mort.
Tati, ruiné après Traffic et abandonné de tous, fut reconnu, embaumé et encensé bien après sa mort. Une certaine tendance du cinéma français qui continue d’ignorer ses auteurs vivants. Vivants, on les laisse crever petit à petit, une fois morts, par ici le fric dans des versions rereremastérisées à consommer sur son écran de télévision.
C’est pour cela qu’aujourd’hui nous sommes plusieurs dizaines de milliers à soutenir Etaix. Pour qu’il ait accès à ses films. Pour que nous les voyions. Tout simplement.
Pierre Etaix © Philippe de Beukelaer
Robert Bresson m’a confié au début des années 80 combien il aimerait tourner le projet auquel il songeait depuis des décennies, La Genèse, scénario auquel aucun producteur n’a cru. Pas d’argent donc pas de film.
Jacques Rozier n’a pu réaliser que 4 longs métrages en 47 ans et c’est un miracle de les voir réédités aujourd’hui en DVD.
Marcel Ophuls, l’un des deux plus grands cinéastes documentaire, l’autre étant Flaherty, ne tourne plus depuis 15 ans et ses films sont quasi introuvables.
Godard et Straub ont toutes les peines pour trouver aujourd’hui des financements.
Dans les années 80, deux cinéastes exceptionnels sont apparus dans la voûte étoilée du 7ème art, Léos Carrax et Paricia Mazuy. Le premier n’a tourné qu’un court métrage en 10 ans, la seconde, 3 films en 18 ans !
Ce n’est pas le cinéma qui donne du sens à la vie, mais la vie qui donne des raisons de penser que tout ce que nous vivons a déjà été filmé, rêvé ou mis en scène.
Lorsqu’un autre cinéaste maudit, Coppola, évoque à Cannes son amour de la mise en scène, il ne dit pas autre chose.
Alors face à la “re présentation marchande” , opposons “amour de l’art”, lequel identifie clairement et typologiquement les procédures de vérité.
Espérons que les procédures de vérité du TGI de PARIS nous rendront l’art et l’amour d’Etaix pour le cinéma.
Juste pour ses images animées.
Papageno
1994 - 2009 : 15 ans d’ACID à Cannes et une affiche signée Pierre Etaix
A l’ACID (1), ce sont des réalisateurs qui choisissent et défendent les films et, pour fêter ses 15 ans de programmation au Festival de Cannes, c’est à un réalisateur, indépendant s’il en est, que ses membres ont confié leur affiche : Pierre Etaix, clown, dessinateur et auteur de cinq films aujourd’hui scandaleusement invisibles.
L’Acid 2009 s’ouvrira avec un entretien avec Pierre Etaix filmé par le coprésident de l’Acid, Gilles Porte (Quand la mer monte).
Jeudi 14 mai 2009
Christine Albanel reçoit la délégation d’artistes en faveur de Pierre Etaix
Christine Albanel, ministre de la Culture et de la Communication, a reçu ce matin une délégation d’artistes conduite par le comédien Jacques Weber et composée de Tom Novembre, Luce Vigo, Christophe Malavoy, Philippe Druillet, Cabu, Hélène Delavault, Jean-Paul Rappeneau.
Ils ont remis à la ministre une pétition de 56 000 signatures appelant à favoriser la diffusion des films du cinéaste Pierre Etaix. Cette diffusion est aujourd’hui paralysée par un contentieux qui oppose l’artiste à l’actuel détenteur des droits de représentation de son œuvre.
A l’issue de cette rencontre, Christine Albanel, s’est félicitée du soutien massif témoigné par les cinéphiles à l’auteur de YoYo, film qui ne peut actuellement être présenté au public alors que sa copie vient d’être restaurée.
Elle a aussi rappelé à la délégation qu’elle avait, dès le début de cette affaire, apporté son soutien moral à Pierre Etaix et le lui avait témoigné par écrit.
« Je souhaite une issue rapide du conflit porté devant la Justice pour que l’exploitation normale des films de Pierre Etaix puisse reprendre. Le public français et international l’attend avec impatience. », a-t-elle déclaré à la délégation.
http://www.culture.gouv.fr/nav/index-actua.html
Pour en savoir plus sur les films de Pierre Etaix, comment signer la pétition…
http://www.ipetitions.com/petition/lesfilmsdetaix/index.html
http://blog.cinematheque.fr/?p=17
Jeu de briques
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Pacman
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