Les chiffres avancés sont sans doute exacts. Et l’explication par les « amortisseurs » de la protection sociale, par le poids de la sphère publique, par les garanties et les sécurités publiques paraît pertinente ?
Mais faut-il s’en réjouir ? Ce ne serait que la contrepartie positive du fait que, quand la croissance battait son plein au niveau mondial, notre pays avait du retard dans la compétition. En somme : nous souffrons moins parce que nous avons moins profité…
Il suffit de pousser le raisonnement jusqu’à l’absurde pour en voir les limites. Si la protection sociale et la sphère publique nous protègent partiellement des conséquences de la crise, et si c’est cela que nos dirigeants cherchent, alors la solution serait d’aller vers encore plus d’Etat et de protection. Car on se souvient que l’URSS pouvait se vanter d’être « épargnée » par le chômage. Mais c’était aux dépens de toute productivité…
Sur le long terme, moins de croissance en général et plus de protection en période de récession n’est pas un bon choix : il est globalement perdant.
Surtout, il s’agit d’une fausse alternative. D’un raisonnement macro-économique, qui n’a rien à voir avec la vraie vie, qui est dans la micro économie.
La moindre récession observée par l’Insee dont il est question est une moyenne entre des situations très contrastées : des salariés protéges dans la sphère publique, dont les salaires continuent d’augmenter, et qui osent sans pudeur manifestée dans la rue pour qu’ils soient encore revalorisés, et d’autres, dans le secteur privé exposé, qui perdent leur emploi ou qui sont au chômage partiel. La crise n’est pas plus douce en France qu’ailleurs. Certains y échappent, statutairement, pour l’instant…
Les crises économiques ne se mesurent pas seulement à l’intensité de la récession et du chômage. Elles s’apprécient encore et principalement par leur durée. Observons simplement que la France des années trente, qui était déjà en état de « protection sociale avancée » par rapport à ses concurrents, a mis 20 ans pour retrouver un niveau de production d’avant crise, quand d’autres pays s’en sortaient beaucoup plus rapidement.
En vérité la protection sociale pourrait faire beaucoup pour soutenir l’activité et la croissance économique. Cela supposerait qu’on revienne à une vraie et solide protection, qui ne peut s’appuyer que sur l’épargne. Et qu’on tourne le dos à la fausse protection à la française, financée par la dette.
C’est d’ailleurs sans doute l’origine profonde de cette crise : l’excès général des crédits et des dettes, au lieu et place de l’épargne, seul vrai moteur d’un capitalisme solide.
La citation du jour : “Là où les citoyens comptent trop sur les autorités, ils finissent par ne pas assez compter sur eux-mêmes, et la cause la plus efficace du progrès en est neutralisée” (Frédéric Bastiat).