Vendredi 15 mai avec quelques complices nous avons procédé à une audition interview avec la jeune Sabine Herold dans les locaux de Vendredi. C'est l'égerie et la présidente d'Alternative Libérale, le parti libéral français. Le personnage est interressant et secoue les neurones. Je lui ai dit en fin d'ITW: c'est plus excitant intellectuellement de discuter avec un libéral qu'avec un Sarkozyste qui louvoye comme une anguille. Compte rendu, coups de pelle, audio...
Tout d'abord si vous voulez l'énerver dites lui qu'elle est libérale comme Sarkozy. Et là, elle bondit de bonne foi. Elle explique que le nain pestilentiel est un bonapariste néo-conservateur. Mais allez expliquer ça a quelqu'un qui se prend la crise dans les gencives et n'a pas fait d'études supérieurs, ça va etre compliqué. C'est pour ça entre autres, que AL s'adresse à des trentenaires actifs. Finalement néo-con ça va très bien, nouveau con, con 2.0.
Dans le civil, elle a un vrai job. Il faut saluer les militants politiques de tout poil qui ont un travail ( je ne sais pas ce qu'est un faux job dans le militaire) et qui prennent sur leur temps libre pour faire la promotion de leur idées. Qu'ils soient LO, NPA ou autre, je trouve ça respectable. Sauf pour les nervis et autres fachos en mode 2.0. Par ce que je ne parle que d'idées, pas de coup de poing. Compris ? Sinon c'est une baffe dans ta gueule.
Sabine travaille dans un fond d'investissement pour start-Up. Un truc me chiffonne l'esprit, pour l'instant je n'ai rencontré que des libéraux étudiants, ou travaillant dans la finance. Certains se sont reconvertis dans l'industrie pornographique (Alain Madelin). Mais on n'a pas encore trop vu de libéral travaillant à la chaine, agriculteur, phamacien ou travailleur précaire. Peux-être se cachent-ils, une sorte de minorité invisible. En tout cas, ils sont environ 2500 et ont des problèmes pour se présenter aux élections. Et oui, il faut payer les bulletins, et l'état ogre "ne finance que les gros partis". Elle cite bien sûr le PS et l'UMP. Bon faudra lui expliquer que LO, le NPA, le Front de Gauche, le nouveau-centre, le FN etc.. n'ont pas de soucis de cette nature.
Alternative libérale ça date de 2006. C'est venu après le parti républicain d'Alain Madelin. Nous avons rappelé que ce parti là avait eu a sa tête de drôles d'olibrius, ayant eu maille à partir avec la justice... Ça vous colle forcément un doute sur l'honnêteté des gus. Sabine finance donc des start-up dans les nouvelles technologies et les trucs bio-machins. Par contre elle est contre la propriété intellectuelle. C'est plus que du capital-risque, là: Elle finance des trucs et soutient donc indirectement le vol des brevets déposés par la start-up par exemple.
AL c'est par un truc de droite, ce sont ses mots. C'est ailleurs. Ils sont indépendants et se plaignent qu'on soit les seuls en France à trouver que le Libéralisme c'est un truc de droite. Ca doit faire partie de notre exception culturelle, mais bon, on va vite voir que ça se confirme dès qu'on rentre dans le détail et qu'on sort un peu des concepts de liberté et de responsabilité. Qui aimerait ne pas être libre et pas responsable ? On est là un peu dans le marketing politique. J'y reviendrai plus loin.
Pour elle, on ne peut pas faire confiance à un état. Certes, mais l'état est désormais décentralisé, mais ça elle ne le sait pas: ils ne vont pas présenter de candidats aux régionales. C'est con, ça les confronterait un peu à une réalité autre que leur petite bulle libérale. Le citoyen veut qu'on décide au plus proche de lui-même. Pas trop près quand même, par ce que si on voit Sarkozy de tout près et qu'on dit "Sarkozy je te vois", on peut avoir quelques soucis avec la famille Poulaga. Drôle de pays non ? Et que signifie le plus près alors que les TIC ont dématérialisé la distance pour ceux qui les maitrisent et rajouté de la distance pour ceux qui n'y comprennent rien.
Sabine nous explique qu'elle veut rendre responsable jusqu'au dernier euro. Et cite Total et son bateau a fond pourri. Elle veut des règles fortes et explique par exemple que les gardes-cotes d'un état libéral aurait fait faire demi-tour au bateau pourri. Je n'y connais pas grand chose, mais bon un pétrolier c'est plus gros qu'un bateau de garde-cotes et s'il refuse ? hein ? Elle résume que pour eux l'état en fait trop et devrait se contenter des sujets essentiels. Quand on lui demande la liste, c'est vite fait: Police, Justice.
Pour le reste, ça tombe sous la concurrence libre et non faussée et la responsabilité. Là ou l'état était présent, on donnera des vouchers. Des bons d'achat pour l'éducation qui sera totalement mise en concurrence et dé-fonctionnarisée. Par exemple pour le financement des études. Et là ces génies ont eu une belle idée : on donnera le même montant pour le fils de CSP++ et le fils d'ouvrier. C'est ça l'égalité libérale. Elle nous explique que le système ne fonctionne pas, il y aurait 16% d'illettrés à l'entrée en 6e. Passons sur la réalité ou non de la statistique et du sens du mot illettré.
Le même schéma libéral va être appliqué à tout: Prenez un système donné, qui fonctionne à 80 ou 90%. Déclarez alors qu'il ne marche pas, et proposez alors de tout casser, de passer dans des solutions alternatives et libérales. On remarquera que le sarkozysme procède de la même façon. Ca va être le cas pour la santé, qu'il faut privatiser par ce qu'elle ne fonctionne pas à 100% ( mais on gardera la CMU quand même, c'est ça leur coté social). Posons nous le contraire, les assurances privées fonctionnent-elles correctement à 100% ? dans le cas contraire, il faut les casser et passer en mode "collectivisation", pas mal comme raisonnement non ? Dans le domaine de la santé, AL nous propose donc de casser le monopole de la sécurité sociale et de confier à l'état les urgences et la CMU pour les pauvres. Tout le reste serait alors mis en concurrence pour responsabiliser les acteurs économiques: c'est à dire vous, moi et le vieux du 4e étage.
On devra alors faire appel à des assurances privées, à ce moment là elle n'a pas parlé de mutuelles ça doit être trop bolcheviks. La loi fixera alors le niveau minimum et obligatoire d'assurance que les citoyens responsables devraient prendre. Une telle loi serait bien sûr conçue à l'abri des lobbies de la santé et du secteur pharmaceutique. On l'imagine aisément :o)
AL ne nous dit pas ce que les disparités de revenus créeraient comme inégalités supplémentaires par ces systèmes concurrentiels: Celui qui dispose de 5 fois plus de revenus que le pauvre va pouvoir se soigner avec de la qualité supérieure. C'est déjà le cas avec les assurances complémentaires et la santé privée ! En fait la solution libérale consiste à faire encore pire que l'existant mais en déplaçant vers le privé des flux financiers énormes: On parle ici de centaines de milliards d'Euros. Il en va de même avec le système de vouchers pour l'école.
Ca va être le cas pour le droit du travail. Nous avons abordé le sujet des licenciements. C'est très difficile de licencier, ça devient un risque encore plus grand pour les employeurs de recruter. Pour elle notre économie n'est pas mobile tout comme le marché du travail. En fait seule la mobilité du salarié l'intéresse dans ce cas là. Très difficile de licencier donc, il y a pourtant eu en gros 500 000 licenciements et fins de contrats précaire en 6 ou 7 mois. Et à 47'10" elle nous explique le problème du licenciement: Je lui demande si elle déjà du procéder à des licenciements. Réponse, oui (...) ça coute trop cher. Elle a travaillé 6 mois dans un administrateur judiciaire et a donc du procéder à des licenciements. Ça coute trop cher, et les prudhommes risquent de faire payer plus cher, c'est pour ça qu'il y a des transactions.
Je ré-itère ma question: je vous parle de difficultés vous me répondez trop cher. "C'est facile, mais si c'est pour se retrouver avec un prudhomme, moi j'ai travaillé 6 mois, j'ai vu des gars de bonne foi se retrouver avec des prudhommes de 300 000 euros".
2e essai : vous en trouvez combien des prudhommes à 300 000 euros ?
Elle me parle d'un pauvre boulanger. Je lui ai alors conseillé de passer une ou deux journées aux audiences du tribunal des prudhommes de Paris. Elle y verra que l'immense majorité des affaires concernent des heures supplémentaires non payées, des licenciements abusifs, des congés payés non payés , des entreprises délinquantes qui mettent la clé sous la porte sans payer les salariés et qu'on retrouve 20 km plus loin... C'est beaucoup plus ça que 300 ou 500 000 euros.
Son idée est donc basée sur une expérience de 6 mois et d'un licenciement à 300 000 euros. On peut douter de la solidité de sa solution de flexi-sécurité... sauf pour l'employeur. En gros, AL veut simplifier le licenciement en réduisant le risque des prud'hommes ( la Justice excusez du peu) et le paiement des fautes. Qu'elle se renseigne sur le montant moyen des condamnations aux prud'hommes: on est vraiment loin des 300 000 euros.
Elle nous parle de bonne foi de son unique exemple, mais très chère, la bonne foi n'excuse pas la faute en droit. Elle permet juste d'éviter une grosse claque. Elle peut demander ça à n'importe quel étudiant en droit. Ensuite elle s'est livrée à une attaque en règle contre les syndicats en expliquant bien sûr qu'ils n'étaient pas assez fort (un peu comme Minc l'autre jour)
Je lui ai donc posé la question la plus simple qui soit, par quoi commenceriez vous si vous aviez le code du travail sous vos yeux. La réponse à fusé: les syndicats. Elle explique que les entreprises ont des obligation de publication des comptes et de les faire auditer.
Quand on parle d'obligation de publication des comptes, ce sont en fait le résumé des résultats : Chiffre d'affaires, bénéfices... Les entreprises ne vont pas plus loin. Et la sanction est une amende de 1500 euros,sanction rarement appliquée. C'est présent dans le code du commerce :Articles L 232-22 et L 232-23. On ne trouve pas donc publiquement pour toutes les entreprises les choses suivantes prévues par la loi: Les comptes annuels, le rapport de gestion et, le cas échéant, les comptes consolidés, le rapport sur la gestion du groupe, les rapports des commissaires aux comptes sur les comptes annuels et les comptes consolidés, éventuellement complétés de leurs observations sur les modifications apportées par l'assemblée ou l'associé unique aux comptes annuels qui leur ont été soumis ; C'est un peu dommage.
Elle m'a cité "societe.com" comme site d'information sur les comptes annuels des entreprises. Prenez une entreprise au hasard, par exemple Alcatel-Lucent. le bilan social publié se limite aux résultats, chiffre d'affaire, valeur ajoutée etc.. Voilà pour la transparence des entreprises jugée suffisante par AL. On notera que dans le même temps, les syndicats demandent à ce que l'obligation de fourniture des comptes des entreprises soit réelle... Moi je propose par exemple de rajouter "000" après 1 500 euros d'amende, histoire de forcer les entreprises à respecter les obligations existante et de documenter les flux financiers entre filiales et autres divisions. Et on ne parle pas que des entreprises cotées en bourse, mais de toutes.
Par ce que c'est bien facile pour AL et les libéraux de demander la transparence des comptes des syndicats. "On ne sait pas comment la CGT est financée", bah oui, on ne sait pas non plus comment l'institut Hayek de Bruxelles est financé, ou comment les flux financiers circulent entre une filiale de PSA et PSA... Mais de ça on n'en parle pas chez AL. On cite juste une histoire de Libye ayant financé la CGT.
Et là elle avoue , je ne veut pas que les comptes soient publics, juste audités par des experts comptables. On voit donc la limite de la transparence pour AL ! Maximale pour les trucs collectifs et très light pour les entreprises privées. et avec ça les syndicats rendraient de vrais services à leur membres. Hypos va alors expliquer un peu son point de vue, et donc corriger l'avis un peu binaire de Sabine Herold.
Celle-ci explique que les syndicats doivent être des syndicats de services pour les membres. Bizarrement quand j'ai eu besoin de conseils judiciaires pour une affaire, j'ai pu demander de l'aide à la CGT alors que je n'était pas syndiqué. La CGT m'a donc rendu un service gratuit avec quelques heures de consultations sur le dossier. Je ne pense pas être le seul dans ce cas là. Mais pour un libéral ce n'est pas possible, et aller va même sortir leur ba-ba : je n'aime pas du tout le paritarisme, donc dans son modèle le syndicat sert juste à fournir des calendriers à gros nichons et obtenir des tarifs de cinéma sympa. Rien de plus et en plus, souvenez vous de son aversion du "risque" des prudhommes, gérés de manière paritaire.. chose qu'elle n'aime pas. Vous voyez là le modèle des libéraux, c'est tout de suite plus clair.
La fin de l'interview a été sur un autre sujet, son livre et sa thèse : Besancenot serait le bouffon du roi Sarkozy, le problème étant le roi qui est en charge de tout le bordel ambiant. Je laisse cette partie à d'autres blogueurs. Et vous donne enfin mon avis, Sabine Herold et les libéraux tous trentenaires (selon ses mots) sont dans doute du genre "intelligent, mais n'a pas vécu" comme nous nous sommes dit en de-briefing avec saucisson et rouge.
Eux aussi sont sur un concept marketing : Liberté et Responsabilité. Il ne manque plus qu'un clip de campagne mixant la pub en cell shading avec joyeux bisounours friqué "je suis respooooooonsable ouéééééé , je fais ce que je veux de mon argent, ouééééé" avec la pub "Bouygues" et les winners qui découvrent qu'ils peuvent appeler En toute liberté en se faisant raquer un max. Bref du délire de pauvre trentenaire CSP++ friqué qui en veut plus et ne veut pas payer d'impôts pour les autres. Pour eux le mot "solidarités" est un gros mot, régulation est synonyme d'interdiction. Elle l'a dit explicitement, fouillez dans l'audio qui est en annexe à ce billet.
C'est une réduction binaire, ça permet de simplifier les débats et de présenter des concepts où tout le monde peut en apparence adhérer. Questionnez les sur sur des choses plus pratiques, demandez des détails et le délire libertarien apparait. D'ailleurs elle nous l'a avoué à la fin, si elle avait voté aux USA, son choix se serait porté sur le candidat libertarien Bob Barr. Et pour elle Madelin est un fou qui voulait faire un parti libéral de Gauche et Sarkozy a pris le contrôle des banques et du CAC40.
Nous ne ne vivons pas dans le même monde, c'est clair.
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