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Bucolisme (1)

Publié le 16 mai 2009 par Zegatt

[Nouvelle en cours d'écriture, voilà toujours le début - à peine le premier quart -]

Un mélange d’urine, de tabac et de bière ; ça m’a assailli quand je suis rentré dans le bar. J’ai poussé la porte sans conviction, et l’odeur s’est imposée. J’ai fait quelques pas. Le juke-box rouillé lancinait un air passé de mode, depuis longtemps passé à l’anachronisme incontestable.

Je me suis pointé au bar et je me suis callé sur un tabouret contre le comptoir. Le bois exhalait la bière par ses éraflures imbibées et il avait un quelque chose de suintant au toucher, la rançon de trop nombreuses années de service, à moisir entre les crachats des ivrognes et les éclaboussures quotidiennes.

« J’vous mets quoi ?

- Une pinte. »

Le barman a reniflé un coup avant de jeter un dessous de verre avec un geste d’automatisme routinier. Un type à côté de moi a attrapé sa bouteille et l’a vidé d’une traite sans même virer la clope coincée entre ses lèvres. Il a balancé « Une autre ! » à la volée avant de lâcher un rot capiteux. Ou capricieux. Un peu des deux sans doute.

La cinquantaine bien affirmée, une barbe mal taillée qui hésitait entre le gris et le blanc, et des crevasses qui devaient rallonger la superficie de son visage d’un bon mètre carré. Sa peau suait par tous les pores et sa chemise blanchâtre finissait par coller à son corps, auréolée sous les aisselles et affirmant son bide de façon débonnaire. Il a flairé que je le reluquais et a fini de tirer sur sa roulée. Un « putain » plus tard et ce qui restait de sa cigarette éparpillée dans le cendrier ébréché, il m’a toisé d’un regard.

« Moi c’est Charly.

- Comme dans Papa Tango ?

- Putain, elle est éculée celle-là. Tellement foutrement éculée que ça finit par me foutre la haine, comme dans “enculé”. Tu vois le genre ? »

Je me suis marré. Le mec avait lancé ça comme un avertissement amical, rien d’agressif, simple camaraderie de bar. Il m’a tendu une paluche deux fois épaisse comme la mienne, on s’est serré la pince, et le barman s’est pointé avec de quoi nous remplir la panse et les veines. Ca frétillait encore la mousse et les bulles de partout.


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