Quelques ténors de l’opposition vont jusqu’à stigmatiser une « double peine » qu’engendrerait la loi contre le pillage culturel : suspension de la connexion Internet tout en continuant à devoir payer l’abonnement. Ces esprits forts, généreux et compréhensifs avec les voleurs sur toile, sanctionnent de fait ceux qui s’attachent à respecter le droit commun. Avec leur contribution créative je paierais deux fois : une fois pour continuer à me procurer des morceaux qui me plaisent via des sites sûrs, sans me vautrer dans cette jungle du libre service systématisé, et une fois avec la part de mon abonnement à Internet affecté à compenser les pratiques interlopes. Un comble !
Les mêmes qui réclament la « moralisation » du système capitaliste et la sévérité exemplaire à l’égard des riches profiteurs, trouvent défendables l’abus de la propriété d’autrui, simplement parce qu’à l’unité le préjudice s’avère négligeable et que l’anonymat que favoriserait l’Internet
La responsabilité du législateur c’est justement d’atténuer la part crasse de chacun par l’application de règles communes. Va-t-on assouplir le code de la route parce qu’une majorité d’automobilistes s’accordent, plus ou moins fréquemment, de déroger à telle ou telle obligation ? Avec la proposition socialiste, les fameuses autoroutes de l’information dérouleraient le tapis rouge avec numérique bénédiction aux chauffards de la toile. Bravo le nouvel humanisme : mieux qu’un cadeau aux pilleurs, une consécration du panurgisme magouilleur.