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Fenouillet, Haute-Garonne. Collège François-Mitterrand. Véronique Adès, professeur de mathématique, se fait poignarder par un gosse
de treize ans. L'adolescent n'a pas supporté une punition infligée la veille pour un devoir non rendu.
Les médias s'emparent de l'affaire, sans nommer l'enseignante alors qu'ils l'auraient fait si elle avait donné une baffe, et les mêmes propositions ressurgissent.
Installer des portiques détecteurs d'armes. Procéder à des fouilles au corps. Nommer dans l'établissement un policier référent.
Mais la question de fond n'est jamais posée. Pourquoi cet adolescent n'a-t-il pas rendu son devoir ? A-t-il pu parler avec quelqu'un de cette punition qui lui restait sur l'estomac ? Comment un
môme apparemment sans histoire bascule-t-il dans la violence extrême ? Pourquoi les agressions de ce genre se banalisent-elles ? On invoquera encore la perte d'autorité des parents et des
enseignants mais c'est un simplisme bien commode pour ne pas remettre en cause tout un corps social. Nous vivons dans une société à couteaux tirés parce qu'elle est malade. Malade du lien.
Malade de la représentation symbolique.
Malade de l'imaginaire.
Malade des valeurs morales.
Il est hélas à craindre que cette pathologie complexe se développera encore, infiniment plus redoutable que la grippe porcine. Des remèdes existent mais personne en haut lieu ne souhaite les
appliquer. Je me demande bien pourquoi...