Il n'est pas facile en temps de crise d'y voir clair, tant les mouvements boursiers comme les publications économiques peuvent être contradictoires en apparence. Depuis le rebond du mois de mars, les grandes places financières internationales montraient unanimement qu'elles voulaient croire à une sortie de crise dès 2009, après avoir vu tout en noir.
Même si certains investisseurs pensent encore que cette crise financière et économique est historique et qu'elle conduit compte tenu de son ampleur, à réagir d'abord au quotidien, sans anticiper, les performances boursières elles semblent marquer un retour à la tradition, celle de l'anticipation de la Bourse sur l'économie réelle.
La réalité économique reste abrupte à l'image de la France qui est entrée officiellement aujourd'hui 15 mai 2009 en récession (avec deux trimestres consécutifs de baisse du produit intérieur brut (PIB). Précisément : une chute de 1,2% au premier trimestre 2009 après -1,5% au dernier trimestre 2008, selon les chiffres publiés par l'Insee. Le ministère de l'Economie envisage désormais une année 2009 avec une baisse du PIB de 3%, contre -1,5% précédemment, le grand écart. Et en Allemagne notre principal partenaire économique on fait pire, cela ne doit pas nous réjouir comme on l'entend parfois abusivement avec -3.8%.
Aux Etats-Unis, selon les économistes interrogés par le Wall Street Journal, la clé reste toujours le consommateur américain et selon eux même s'ils voient la fin de la récession américaine en août, le chômage devrait continuer à progresser pour atteindre 9,7% à la fin de l'année, avec pas moins de 2 millions de chômeurs de plus dans les prochains 12 mois, malgré la reprise de l'économie.
Avec pour la moitié des économistes interrogés, la prévision que le redressement de l'économie américaine prendra du temps, entre 3 ou 4 ans, et 15% d'entre-eux tablent même sur 5 ou 6 ans.
C'est l'équation du début de la crise qui revient sur la table.
Faut-il anticiper une crise économique plus longue en raison de la dégradation de la situation pour les consommateurs, avec le chômage qui va continuer d'augmenter ? ou se dire que le plus dur de la crise financière étant passé (stress test des banques notamment qui a convaincu une partie des investisseurs), l'économie peut repartir ?
Personne a vrai dire n'a la réponse, les fanfaronnades n'y feront rien et il suffirait que l'économie réelle montre des signes de faiblesse du côté des entreprises pour que les investisseurs retrouvent leur aversion au risque action. Un rendez-vous crucial semble pris avec les publications trimestrielles des entreprises américaines cet été.