Mathilda, la narratrice, est une jeune adolescente qui vit avec son père, sa mère et un vieux chien dans une petite ville américaine. Elle torture affectueusement ce dernier et déstabilise autant qu’elle le peut ses proches, de sa mère à sa meilleure amie. Elle est décidée à se montrer odieuse pour exister. Le premier anniversaire de la mort de sa sœur Helene, écrasée par un train approche. Mathilda est intelligente, elle a beaucoup d’humour, mais crève de l’inattention de ses parents qui se sont réfugiés l’une dans l’alcool, l’autre dans une éternelle rêverie. Elle se sent transparente… Helene, elle, était belle, elle chantait, elle était militante pacifiste et séduisait tous les garçons. Mathilda parvient à retrouver les derniers e-mails des amoureux de sa soeur, parmi lesquels un certain Louis. Dans la psychose anti-terroriste qui a suivi les attentats du 11 septembre et continue de sévir, elle déborde d’imagination sur les circonstances de la disparition d’Helene et sur les événements du quotidien. Mathilda se raconte et nous raconte beaucoup d’histoires auxquelles un final inattendu mettra un terme…
L’auteur impose un style nerveux, mélange réussi d’interrogations et d’affirmations péremptoires, d’innocence et de dureté, qui colle parfaitement à l’adolescente en colère. Les dialogues sont justes, percutants, les personnages consistants. Sans clichés ni complaisances.
Victor Lodato, poète et dramaturge, vit entre Tucson, Arizona, et New York. Il a reçu de nombreux prix pour ses pièces de théâtre. Mathilda Savitch, son premier roman, l’a fait remarquer pour sa capacité à rentrer dans la tête d’une adolescente, et le manuscrit a été acheté aux enchères dans plusieurs pays.
Inaam Kachachi, Citrons amers (3 septembre)
A l’adolescence, Zeina a quitté l’Irak pour les États-Unis avec sa famille, son père étant accusé de conspiration contre le régime de Saddam Hussein. Bien intégrée à son pays d’adoption mais élevée dans l’amour de son pays d’origine, elle décide, à l’âge de trente ans, d’y retourner comme interprète de l’armée américaine. Convaincue par la noblesse de sa mission, mais un peu honteuse de revenir sous cet uniforme, elle tarde à en avertir sa grand-mère, veuve d’un colonel de l’armée irakienne. Chargée de traduire et sensibiliser à la culture arabe les militaires américains, la jeune femme se rend compte que son rôle va bien au-delà : à son corps défendant, elle assiste aux interrogatoires ou fait irruption la nuit avec son unité dans les maisons suspectes… Le malaise s’installe. La réprobation aussi, celle de sa grand-mère, des proches, et plus lourde encore : la sienne…
A travers ce beau personnage de femme déchirée entre deux identités, l’auteur brosse une peinture de la vie des Irakiens expatriés en Amérique et de leur relation fusionnelle avec la mère-patrie. Au ressentiment des Irakiens de l’intérieur vis-à-vis de l’occupant américain répond la douleur des familles endeuillées aux États-Unis.
Écrivain, journaliste irakienne et correspondante de presse pour des journaux arabes depuis une vingtaine d’années à Paris, Inaam Kachachi demeure très attachée à ses racines. Avant cet ouvrage, elle a dirigé une anthologie de littérature et poésie féminines irakiennes (Paroles d’Irakiennes, Serpent à plumes 2003) et publié un premier roman non encore édité en France.
Décembre 2008 : une pétition turque demande pardon aux Arméniens pour la «Grande catastrophe», alias le Génocide de 1915. Le mois suivant, une soixantaine d’Arméniens, français et canadiens répondent : «Merci aux citoyens turcs». Pour la première fois, les «ennemis» abordent ce sujet tabou. Et c’est pour donner corps et profondeur à cette amorce de dialogue que ce livre a été conçu. Face à face, Ahmet Insel, l’un des signataires de la pétition turque, et Michel Marian, l’un des initiateurs de la réponse arménienne. Le livre est une conversation entre deux hommes, un Turc et un Arménien, sur le passé, le présent et l’avenir. A travers leurs parcours, personnel et familial, seront évoqués les grands événements qui ont jalonné l’histoire de ces deux peuples, avec en point d’orgue le génocide de 1915 et la question de sa reconnaissance.
Né en 1955 à Istanbul, Ahmet Insel a effectué ses études universitaires à Paris et a dirigé l’UFR d'Économie de Paris I de 1990 à 1994. Depuis 2002, il enseigne et dirige le département d'économie à l'université Galatasaray à Istanbul. En France, il fut l’un des fondateurs de la Revue du MAUSS (Mouvement anti-utilitariste en sciences sociales); en Turquie, il participe à l’aventure d’Iletisim, la maison d’édition qui a publié l’écrivain Orhan Pamuk et il est chroniqueur au quotidien Radikal. Ahmet Insel est l’auteur de nombreux livres sur la Turquie.
Michel Marian, né en 1952, est agrégé de philosophie, maître de conférences en philosophie publique à l’Institut d’Etudes Politiques de Paris. Une partie de sa famille a été tuée durant le génocide de 1915. L’autre partie a pu s’enfuir et se réfugier en Arménie ainsi qu’en France. Michel Marian a publié de nombreux articles sur les questions arméniennes dans la revue Esprit et les Nouvelles d’Arménie.
Ariane Bonzon, née en 1959, est journaliste. Elle vit et travaille entre Paris et Istanbul après avoir occupé plusieurs postes de correspondante en Afrique et au Proche-Orient. Elle est également réalisatrice et productrice pour la télévision.