Le Comité international de la Croix-Rouge s'est déclaré jeudi "profondément inquiet" du sort des civils somaliens pris dans des combats entre forces pro et anti-gouvernementales, qui ont fait des "dizaines de morts et de blessés" dans la capitale Mogadiscio. Les ONG se mobilisent pour aider les victimes du conflits.
Après une relative accalmie de deux mois dans la capitale somalienne,
la violence éclate une fois de plus dans les rues de Mogadiscio, la capitale du pays. De violents affrontements entre les forces du gouvernement alliées à
des milices islamistes et des forces anti-gouvernementales composées
essentiellement des shebab et de la milice islamiste du groupe Hizb
al-Islamiya ont fait au moins 41 morts depuis le 8 mai dans la capitale du pays.
Mercredi, l'envoyé spécial de l'ONU pour la Somalie, Ahmedou Ould-Abdallah, a accusé l'un des principaux responsables des islamistes radicaux somaliens, cheikh Hassan Dahir Aweys, d'avoir mené "une tentative de coup d'Etat" à Mogadiscio ces derniers jours.
Les shebab sont à la tête d'une insurrection en Somalie et ont prévenu ces derniers mois qu'ils poursuivraient leurs attaques contre les forces gouvernementales jusqu'au départ du président Sharif Sheikh Ahmed, un islamiste modéré élu fin janvier.
Un constat inquiétant
La plupart des 400 blessés admis dans les hôpitaux de Keysaney et Medina récemment sont des civils, dont des femmes et des enfants", ajoute le CICR. Selon le chef de délégation du CICR en Somalie, Pascal Mauchle, "les Somaliens ont de nouveau été sujets à des souffrances insupportables". "La lutte quotidienne pour la survie épuise leurs capacités à faire face", a-t-il souligné.
Une guerre qui dure
La Somalie est en proie à une guerre civile depuis 1991. Aucun gouvernement n’a pu s’imposer et le pays, laissé à l’abandon pendant plusieurs décennies, est aujourd’hui en ruine.
Les conditions climatiques de la région et la gestion catastrophique des rares ressources naturelles font que des famines de plus en plus importantes et régulières frappent les populations et leurs bétails. Les somaliens sont majoritairement nomades et vivent du commerce de bétail, leur principale source de revenu.
Peu d’acteurs humanitaires sont présents en Somalie en raison du contexte sécuritaire dangereux et instable ; la situation humanitaire s’en trouve d’autant plus détériorée.
Pour l'ONU, toute intervention militaire est vouée à l’échec
Le 16 janvier dernier, le Conseil de sécurité avait adopté la résolution 1863 aux termes de laquelle il prévoyait d' « établir une opération de maintien de la paix des Nations Unies en Somalie pour prendre la suite de la Mission de paix de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) sous réserve d’une nouvelle décision, d’ici au 1er juin 2009 ».
En outre, sur 60 États Membres contactés par le Secrétariat, seuls quatre se sont pour l’instant dits prêts à fournir des troupes ou du matériel pour une opération en Somalie, a expliqué M. Le Roy.
Médecins Sans Frontières soigne une partie des blessés de guerre en périphérie de la capitale
Alors que ces dernières semaines une partie de la population commençait à revenir à Mogadiscio, la résurgence des violences dans la ville a poussé des milliers de personnes à fuir vers les camps de déplacés en périphérie. MSF a distribué dans quatre camps aux environs de Mogadiscio, plus de 10 millions de litre d'eau, mais aussi des jerrycans et des bâches en plastique.
Première Urgence ouvre une mission d'aide au réfugiés au centre du pays.
Cette mission sera gérée depuis le Kenya et mise en place par l’association somalienne ACCESS AID directement sur le terrain. Première Urgence met en place, avec l’appui de son partenaire associatif somalien, un programme de distribution alimentaire auprès de 4 camps de déplacés internes, au centre du pays. 9.000 personnes recevront ainsi une assistance alimentaire individuelle pendant 3 mois. Au total, 424.800 kg de vivres seront distribués à l’ensemble des 1.800 familles bénéficiaires.
Alors qu'ils luttaient déjà pour leur survie et que l'accès à des soins
de santé de base est presque impossible, les Somaliens ont connu en 2008 et début 2009 la violence la plus extrême de la décennie. On compte actuellement 230 000 réfugiés somaliens selon le
Haut Commissariat aux Réfugiés de l'ONU, répartis dans trois
camps au Kenya. D'après l'Unicef, Au cours des 12 prochains mois, la moitié de la population du
pays, soit 3,6 millions de personnes, sera totalement dépendante de
l’aide alimentaire et de l’aide d’urgence.