J’ai beau avoir été exposé et rompu à plein de choses durant ma vie et le long de mon parcours professionnel, lors d’un reportage sur Hertz, la bannière du journal de 13 heures de France 2, hier, a quand même réussi à me faire sursauter :
Plan anti-crise : Baisse des salaires.Petit rappel de l’actualité d’hier :
Dans une lettre adressée le 18 mars 2009 à ses salariés cadres, la direction de Hertz demande à ses salariés de bien vouloir renoncer de 5% à 7,5% de leur salaire brut. pendant une première période de 3 mois. Cette demande est conforme au droit français du Travail. Oui mais… . Juste au passage, Hertz a tout de même “zappé” d’en informer au préalable les instances de représentation du personnel (Comité d’Entreprise , Représentation Syndicale, Délégué du Personnel) ce qui rend la procédure tout simplement caduque (Avis donc aux salariés concernés :-)). Et pour cause, il s’agissait d’une requête générale envoyée à l’ensemble des salariés du groupe dans le monde. On voit bien que la mondialisation veut aller plus vite que les codes du travail à travers le monde, et ce qui passe comme une lettre à la poste aux USA, ne peut pas encore être appliqué tel quel chez nous. (A moins que Sarkozy ne veuille également un jour changer cela). De plus, il faut préciser, que l’on peut baisser le salaire d’un salarié, qu’à la seule condition qu’il donne son accord par écrit.
Le journaliste parle d’une première en France. NON. En fait, Renault l’a déjà fait avec ses cadres plus tôt cette année, ainsi que HP pour ne parler que des cas les plus connus. A ceux qui disent que cela ne touche que les cadres, sachez que ce ne sera qu’une mise en bouche. En effet, la méthode s’est maintenant généralisée chez HP : 20% de moins pour le PDG, 10% de moins pour les membres de la direction exécutive, 5% pour les cadres, et enfin 2,5% pour le reste des salariés.
Précisons, qu’évidemment, aucun salarié n’est obligé d’accepter, mais j’imagine aisément le drame qui se passe dans leur tête : Accepter et réduire encore davantage le salaire déjà au raz des paquerettes (Surtout chez Hertz où un directeur d’agence tourne autour des 1 500 Euros Bruts), ou alors refuser et donc être en tête de liste d’un futur plan social.
Je crains que ce genre de pratique ne se démocratise, comme le titre du Journal de 13 heures semble déjà l’indiquer. Mais dans quel monde sommes-nous ? Après avoir été frappé de plein fouet par le chômage, après avoir eu les banques aux fesses pour les prêts immobiliers aux intérêts toujours plus élevés, après que son pouvoir d’achat fonde comme neige au soleil, après avoir encaissé le chômage partiel, et le morcellement des heures de travail, voilà qu’il faudrait encore encaisser une baisse de salaire ? De qui se moque-t-on ?
Je rappelle que dans le cas de Hertz, par exemple, se cache 3 fonds américains d’investissement, dont les revenus sont déjà beaucoup moins frappé par la fiscalité (Tout comme le revenu du capital en France, juste au passage). Quelqu’un a-t-il au moins pensé à demander aux actionnaires de réduire leur coupon de présence, ou de faire une croix sur leurs dividendes, ou au moins, de les réinjecter dans la société histoire de donner un petit coup de main ? Comme c’est bizarre : En temps de crise, tout le monde doit montrer de la solidarité, mais lors des temps de vaches grasses, quelqu’un a-t-il envoyé une lettre aux salariés pour leur demander s’il voulait bien accepter des primes supplémentaires ?