Magazine Beaux Arts

11ème Festival du Film Asiatique de Deauville | 2009 | part. II

Par Bamboo @Bamboo_Club

Petit tour d’horizon des longs métrages proposés…

Les bonnes surprises : My Dear Enemy, Departures, Claustrophobia, Chant des Mers du Sud

Les honnêtes : Trivial Matters, Breathless, All Around Us, L’enfant de Kaboul

Les décevants : Island Etude ou le tour de Taiwan à vélo vu par un jeune candide ; Firaaq, premier film réalisé par l’actrice Nandita Das. Les scènes, sur fond d’émeutes entre les communautés hindoues et musulmanes, ne manquent pas d’atouts mais malheureusement cèdent à un manque de subtilité face à un récit par trop manichéen. Ainsi que The Shaft et Naked of Defenses.

N’ayant pu arriver à temps pour sa projection (les aléas des festivals) je n’évoquerai pas Members of the Funeral. L’impasse se sera également étendue de manière regrettable à la programmation Action Asia.

PALMARES :

LOTUS DU MEILLEUR FILM – Grand Prix : BREATHLESS
LOTUS DU JURY – Prix du Jury ex-aequo : ALL AROUND US et THE SHAFT
LOTUS AIR FRANCE – Prix de la Critique Internationale : BREATHLESS
LOTUS ACTION ASIA – Grand Prix Action Asia : THE CHASER


Claustrophobia
de Ivy Ho (Chine)

Claustrophobia

Synopsis : Pearl, la vingtaine, travaille au sein du département marketing d’une entreprise. Elle se sent de plus en plus attirée par son supérieur, Tom, marié et père de famille. Elle est à son service depuis quelques temps déjà. Tom est un patron agréable, aimable et tolérant autant que faire se peut. Mais personne ne sait vraiment qui se cache derrière ce visage avenant.

Un des coups de cœur de ce festival. Tout en sous-entendu sur fond d’adultère, le film a la particularité de se dérouler par flash-backs antéchronologiques. Sous cette forme narrative, les informations ne sont distillées que progressivement, laissant au spectateur le soin de  faire ses propres raccords et d’établir une trame logique. Outre la présence de la charmante Karena LAM dans le rôle principal, la distribution des acteurs est remarquable et permet de rester en haleine malgré les huis clos successifs.


Chant des Mers du Sud
de Marat Sarulu (Kirghizstan)

Songs From The Southern Seas

Synopsis : Ivan est russe, son voisin Assan est kazakh. Ils vivent en voisins dans un petit village kazakh. Quand la femme d’Ivan donne naissance à un enfant brun et quelque peu bridé, Ivan suspecte sa femme de l’avoir trompé avec Assan…

Chant des Mers du Sud traite des différences ethniques (russes et kazakhs) et sociales (moujiks et cosaques) d’une manière subtile et détachée, où l’humour tempère la gravité que l’on retrouve habituellement dès que l’on aborde ce type de sujet. Un très beau film, qui sans céder à la naïveté, nous transporte sur le ton d’une fable poétique. On pensera par certains côtés à du Kusturica, l’onirisme en moins. Au-delà des liens culturels, Marat Sarulu souligne ce qui rapproche des êtres humains et où l’identité de chacun ne peut se satisfaire de quelconques frontières.


Trivial Matters
de Pang Ho-Cheung (Chine)

Trivial Matters

Synopsis : Sept histoires courtes sur le libre arbitre qui sont en fait le reflet de la comédie humaine agencée par Dieu pour s’amuser. Certaines histoires se terminent sur des malentendus, d’autres commencent par des malentendus…

Autre film hong-kongais présenté lors de ce festival (avec Claustrophobia). Dérision autour de l’absurde où le sexe est (omni)présent et se chevauche parfois avec la vulgarité. Inégal comme cela est souvent le cas dans les films à sketches, celui-ci amène cependant un vent de fraîcheur et de spontanéité propres à certains objets iconoclastes. Evidemment indescriptible en quelques lignes, Trivial Matters mérite de se faire une idée par soi-même.


L’enfant de Kaboul
de Barmak Akram (France & Afghanistan)

L'enfant de Kaboul

Synopsis : Kaboul. Afghanistan. Khaled, un chauffeur de taxi, découvre dans son véhicule un bébé abandonné par une femme voilée. Comment la retrouver ? Comment se débarrasser de cet encombrant colis ? Et s’il gardait le petit garçon, lui qui n’a que des filles ?

Le festival du film asiatique agrandit son horizon à de nouveaux pays. Barmak Akram précise que l’on assiste également à la naissance du cinéma afghan puisqu’il s’agit du 3ème film réalisé dans ce pays depuis la chute du régime des talibans. Au delà de la curiosité qu’un tel film peut susciter, l’histoire permet de faire un portrait d’un pays souvent connu et imaginé par le prisme des actualités. Filmé à la manière d’un road-movie, le spectateur rentre rapidement dans le tohu-bohu de la capitale pour y découvrir la vie kaboulienne au quotidien, souvent dédramatisée avec humour. Malgré le jeu quelque peu rohmerien des deux acteurs français, on se laisse facilement transporter dans un dépaysement des plus complets.

Sortie prévue en France le 29 avril 2009.


Naked of Defenses
de Masahide Ichii (Japon)

Naked of Defenses

Synopsis : Chinatsu, enceinte de plusieurs mois, est engagée dans une usine située dans un village à la campagne. Elle y fait la connaissance de Ritsuko, une employée de longue date, qui l’aide à s’adapter à son nouvel environnement. Au contact de Chinatsu, Ritsuko se souvient d’un évènement douloureux de son passé et réalise peu à peu qu’elle mène une vie malheureuse.

Un film minimaliste dans la lignée d’un cinéma alternatif, mais malheureusement rien ne vient compenser le manque de moyens qui se fait rapidement ressentir. L’image de traîne savate campée par le personnage de Ristuko finit par agacer, de désespérée elle en devient désespérante. Le film se transforme en une curiosité lorsque l’on sait que l’actrice Sanae Konno  (Chinatsu), alors enceinte et compagne du réalisateur Masahide Ichii, a été filmée (en gros plan) lors de son accouchement, le tout évidemment sans trucages… Pour amateur du genre uniquement.


The Shaft
de Zhang Chi (Chine)

The Shaft

Synopsis : Trois histoires racontent la vie d’une famille de mineurs dans les montagnes de la Chine Occidentale. La fille veut démarrer une nouvelle vie mais doit choisir entre l’amour ou la réalisation de ses rêves. Son frère veut devenir chanteur plutôt que mineur. Enfin, le père, tout juste retraité, essaie de retrouver sa femme disparue.

Un film qui ferait certainement l’unanimité chez Télérama et auprès des cinéphiles (très) avertis. A titre personnel je pourrai parler d’effet soporifique, toutefois il faut signaler qu’il est impossible de s’endormir tant le fond sonore de la mine est omniprésent et incessant. Ce vacarme est d’ailleurs mis en avant de manière répétitive au même titre que la noirceur ambiante qui sert de décor et ne quittera le film à aucun moment. A réserver à ceux qui souhaitent apprécier, d’une manière quasi documentaire, le quotidien peu réjouissant d’une ville minière en Chine.

My Dear Enemy de Lee Yoon-Ki (Corée du Sud) - hors compétition

My Dear Enemy

Synopsis : Sans travail, trentenaire et célibataire, Hee-So est une jeune femme malheureuse. Un jour, elle part à la recherche de son ancien petit ami, Byoung-Woon. Ce n’est pas l’amour qui va les réunir à nouveau, mais une somme d’argent que Byoung-Woon lui a emprunté un an plus tôt. Egalement sans ressources, ce dernier est toujours ravi de rencontrer des filles prêtes à lui donner de l’argent.

Légèreté et rapports entre les êtres. Au gré d’un optimisme à toute épreuve, le personnage de Byoung-Woon sort des codes de pensées prédéfinies, et nous offre une vision de la vie pour le moins décalée. L’ombre des comédies de Woody Allen plane sur le film (et pas seulement pour la musique), les personnages deviennent vite attachants et on ne se lasse pas de suivre le tandem au fil de ses péripéties. Le décor dans un cadre très urbain joue également un rôle important. On y découvre Séoul présenté sous mille facettes, la capitale coréenne devenant progressivement un personnage à part entière. Peut-être le plus beau film du festival.


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