En 2006, Michel Hazanavicius, Jean-Francois Halin et Jean Dujardin avaient créé la surprise en proposant au public français tout simplement l’une des meilleurs comédies de ces dix dernières années, OSS 117 - Le Caire Nid d’Espions. Un film drôle, enlevé, bourré de répliques cultes, à l’humour grinçant se moquant méchamment du chauvinisme de notre cher pays, et surtout bénéficiant d’une réalisation inventive. Evidemment, la barre était donc haute pour cette séquelle que beaucoup de monde attendait avec impatience. Et fort heureusement, le défi est relevé haut la main, Rio ne répond plus étant une excellente suite évitant la redite et la surenchère.
Du premier film, l’équipe n’a quasiment rien gardé : on change donc d’époque (on passe des années 50 a la fin des années 60), de lieu (du Caire à Rio) et d’histoire (même si les nazis sont toujours là). Le seul qui ne change pas, c’est ce cher Hubert Bonnisseur de la Bath, toujours excellemment incarné par le génial Jean Dujardin. Un Jean Dujardin qui retrouve visiblement avec grand plaisir le personnage d’OSS 117. Toujours aussi impeccable, l’acteur se lâche ici totalement, bouffe l’écran dans toutes les scènes, éclipsant quelque peu ses partenaires. Et il est tout autant crédible dans le registre de la comédie pure, avec ses mimiques hilarantes, que dans celui de l’action (au cours d’un match de catch contre un lutteur masqué), ne se déparant jamais de son style décontracté. Il gratifie même le spectateur d’une mémorable scène d’orgie qui ne manquera pas de rejoindre l’histoire du « kiki » dans le premier épisode, au rang des scènes cultes.
Son personnage est quant à lui toujours aussi arrogant, stupide, rétrograde, bêtement raciste et misogyne, et a toujours son mot à dire sur tout et n’importe quoi (souvent n’importe comment). Bref, il est toujours aussi franchouillard dans ses attitudes et sa façon de penser. Du coup les scénaristes s’en donnent ici à cœur joie, rendant cette séquelle encore plus politiquement incorrecte que le premier épisode (ce qui n’a pas manqué évidemment de créer quelques stupides polémiques). Après les blagues sur les anciennes colonies, ce sont ici les blagues sur les Juifs (sujet ô combien délicat dans notre cher pays), sur les Chinois, et sur les femmes qui fusent dans un déferlement que Trey Parker et Matt Stone ne renieraient pas. Le film tape donc encore à fond sur l’antisémitisme larvé typiquement français, mais se permet aussi de gratter là où ça fait mal, s’attaquant par exemple au sujet tabou de la collaboration française sous l’occupation. L’humour est donc plus grinçant ici que dans le premier épisode, mais aussi plus salvateur. Mais bien heureusement, les scénaristes ont l’intelligence de ne pas jouer que sur ce tableau-là.
Car au-delà de l’aspect comédie, Rio ne répond plus est aussi un excellent film d’aventures brassant de nombreuses références et hommages. On retrouve des références à l’humour nonsensique des Monty Pythons (avec le pédalo canard), aux comédies d’aventure de Philippe de Broca (tout le passage dans la jungle avec la séquence d’anthologie du crocodile), voire même à la trilogie Austin Powers dans la savoureuse introduction du film. Hazanavicius paye aussi son tribu à Alfred Hitchcock au cours d’un final directement inspiré de celui de Sueurs Froides, convoque des catcheurs mexicains dans une excellente scène de baston, fait des clins d’œil à de Palma à travers l’utilisation du fameux split screen (au cours notamment d’une hilarante scène de conversation téléphonique) et bien entendu au James Bond période Sean Connery. Des références assumées et diverses qui pourtant ne sentent pas le plagia et sont agencées de façon cohérentes, le tout étant lié dans un scénario solide et bourré de rebondissements.
Vous l’aurez donc compris, Rio ne répond plus est une nouvelle réussite, une comédie rythmée et intelligente, n’hésitant pas à ruer dans les brancards du politiquement correct pour le plus grand plaisir du spectateur…
Note : 8/10