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Michel Garroté - Vivement qu’on se couche. Ce matin tôt, jeudi 14 mai 2009, je prends connaissance des dépenses de l’Etat français en matière de propagande, de voyages en jets privés et de réceptions Champagne canapés (1- Douce et chère France). En fin de matinée, je découvre une déclaration israélienne sur la non agression d’Israël contre le nucléaire offensif des mollahs intégristes iraniens (2- Iran, Israël, ce que l’on a dit, et ce que l’on fera). Et en marge de tout cela, j’essaye de suivre à distance les traces de Benoît XVI en Israël (3- Frère Benoît, la prochaine fois, restes chez toi). Bref, une journée comme les autres, ou presque…
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1- Douce et chère France
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Comme c’est amusant. Les dépenses (et les remboursements de frais divers et variés…) des hommes politiques en Grande Bretagne ne constituent pas une exception. En effet, l’agence de presse britannique Reuters a informé hier soir 13 mai 2009 après 17:00 (donc un peu trop tard pour que sa dépêche soit reprise dans toute la presse française aujourd’hui jeudi 14 mai…) que, je cite en vrac, le confortable train de vie du gouvernement français a été décortiqué par un député. Bon. Selon Reuters, ce député aurait utilisé « un pouvoir de contrôle méconnu, qui contraindrait le gouvernement à répondre à ses questions » (la femme à qui ?). Bien. « On a gardé les traditions d'Ancien régime et on a un président qui montre l'exemple », a déclaré ce député hier mercredi 13 mai à Reuters. « Mon travail (?) est que la dépense publique soit limitée. Si l'opinion publique se saisit de cette question, ça ne peut qu'inciter les ministres à réduire leurs dépenses ». Bon. Mais les chiffres ?
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Les chiffres révèlent des budgets de « communication » de l'ordre de 50 millions d'euros annuels, chiffres partiels car beaucoup de ministères, dont le ministère de l'Intérieur (suivez mon regard), n'ont pas encore répondu. L'utilisation d'avions privés ou d'appareils d'Etat officiels qui semble souvent, sinon systématiquement, préférée aux TGV ou aux lignes aériennes régulières, pour de courts déplacements en France, est mise en lumière, précise Reuters (pas étonnant, dans ce cas, que la SNCF et Air France ne fassent pas le plein). Réceptions et frais de représentations pèsent usuellement des centaines de milliers d'euros par an. Les budgets dédiés aux opérations de communication (notion ambiguë…) mêlent l'information, les campagnes, les publicités « vantant les mérites » d'une politique (technika sovietskaya ou méthode coué à la sauce lagarde ?), les études et les sondages. Et les « chargés de mission » de Monsieur Sarkozy, How much ?
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Selon les données consultées par Reuters, le ministère de l'Economie détient la palme des dépenses (d’où son nom sans doute, économie…) de communication avec, par exemple, plus de 12 millions d'euros pour l'achat d'encarts publicitaires défendant la loi de défiscalisation des heures supplémentaires (là faut garder). Suivent, toujours pour les dépenses de « communication » (propagande ?) le ministère de la Défense (plus de 8 millions), l'Education nationale (plus de 4 millions), la Culture (plus de 3 millions), la Justice (plus de 3 millions), les Affaires étrangères (plus de 2 millions ; pas plus ? J’ai comme un doute ; ils ont mal compté ; à koucher dehors…), les Affaires européennes (près de 2 million) et l'Agriculture (près de 2 millions crébondiou). La Justice dit avoir acheté des « outils de communication » (Ah ? Chez Dior ?) pour 315.000 euros et des pages de journaux pour plus de 159.000 euros. Le Secrétariat d'Etat à la Ville dépense pour ce « poste » (formule de timbré) plus de 1,2 million d'euros, le Secrétaire d'Etat aux Sports 647.000 euros et la Santé 387.000 euros (là faut bâcher ; et c’est sans compter le gros lot de la grippe porcine mexicaine groupe A).
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La commande de sondages par le gouvernement (commande qui n'est pas réglementée…), a coûté plus de 118.000 euros à la Justice, plus de 767.000 (!) euros à l'Education (éducation, un bien grand mot pour pas grand chose) et 40.000 à la Santé. Autre point sensible : les déplacements aériens, dont l'importance serait « logique » aux Affaires étrangères (plus de 2 millions quand même), au Commerce extérieur (un million), à l'Economie (893.000 euros) et la Coopération (763.000 euros). Mais ces déplacements sont également nombreux à la Culture (526.000 euros) et à la Justice (416.000 euros). Le ministère de Rachida Dati explique avoir payé 195.000 euros sur ce total à un voyagiste privé (lequel et pourquoi ?), et 221.000 à l'ETEC, l'ancien GLAM (quid ?) chargé des transports gouvernementaux (ah oui…). Autre point attirant l'attention : les frais de réception et de représentation souvent élevés, comme à la Justice (près de 270.000 euros) ou à l'Education (près de 400.000 euros ; pour un million de fonctionnaires c’est peu, je trouve).
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Les réponses, livrées après des mois d'attente (pas possible…), sont paraît-il publiées au Journal officiel et sur le site Internet de l'Assemblée nationale. Ces réponses ont été mises en lumière par Le Monde d’hier mercredi 13 mai, précise Reuters (et nous on s’en fout de ce que Le Monde met ou ne met pas en lumière). Le gouvernement a assuré être « satisfait » (sans blagues ?). « C'est la première fois qu'il y a une réelle transparence sur cette question. Je pense que c'est une avancée, c'est une bonne chose que soient publiques les dépenses de fonctionnement des différents ministères », raconte, sans rire, le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel. Certes, Monsieur Chatel, certes… Au fait, c’est combien, votre budget à vous, Monsieur Chatel ? Les dépenses de l’Etat français en matière de propagande, de voyages en jets privés et de réceptions Champagne canapés dépassent très largement les 50 millions d’euros par an, oui, par an ; sachant que beaucoup de ministères n’ont pas encore révélé leurs dépenses en la matière, c’est sans doute beaucoup, beaucoup plus que 50 millions, rien que pour du blabla, du kérosène privé, du Champagne et des canapés. Une réelle transparence, Monsieur Chatel, une réelle transparence…
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2- Iran, Israël, ce que l’on a dit, et ce que l’on fera
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Il y a ce que l’on a dit et il y a ce que l’on fera. Selon le fil info de lesoir.be, « le patron de la CIA Leon Panetta a récemment eu des discussions secrètes sur l’Iran avec les principaux responsables israéliens, qui l’ont assuré que l’État hébreu ne lancerait pas d’attaque surprise contre Téhéran, a rapporté la radio publique israélienne. Cette visite a eu lieu il y a deux semaines, précise la radio, qui ajoute que Leon Panetta a rencontré le Premier ministre Benjamin Netanyahu, le ministre de la Défense Ehud Barak et d’autres responsables israéliens de haut rang. Les discussions ont porté sur le programme nucléaire de la République islamique, que l’Occident et Israël soupçonnent de vouloir se doter de l’arme atomique sous le couvert de son programme nucléaire civil, ce que Téhéran dément, selon la même source ».
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C’est donc lesoir.be qui dit sur son fil info que la radio publique israélienne a dit que Netanyahu et Barack ont dit à Leon Panetta ce que Leon Panetta avait envie qu’on lui dise, selon lesoir.be, qui est un média belge. Il y a donc ce que l’on a dit, et il y a ce que l’on fera, écrivais-je.
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3- Frère Benoît, la prochaine fois, restes chez toi
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On peut lire sur le wire, notamment du côté de l’AFP et de l’ATS : « Il faut arrêter les murs. Personne en définitive ne veut des murs qui ont pour tous un coût très élevé », estime le président israélien Shimon Peres dans une interview, au quotidien du Vatican, l’Osservatore Romano, daté de jeudi 14 mai 2009.
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A la question « Quel est l’avenir d’Israël et du Moyen-Orient? », Shimon Peres répond : « Il faut arrêter l’usage des armes et de la violence. Il faut arrêter les murs. Personne en définitive ne veut des murs qui ont pour tous un coût très élevé. (…) Il faut ensuite permettre à la population d’entrer dans une nouvelle ère de science et de technologie qui n’est pas en contradiction avec les Ecritures. (…) Mais plus que tout nous devons ouvrir les frontières et les coeurs pour permettre à nos enfants de vivre un avenir de paix », affirme Shimon Peres, chef de l’Etat hébreu.
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La vision de deux Etats indépendants, limitrophes et en paix est « encore valable », affirme Shimon Peres. « Le précédent gouvernement l’avait acceptée et le premier ministre actuel a indiqué qu’il se conformerait aux résolutions du gouvernement précédent. C’est celle-ci la position réelle, indépendamment de toute autre interprétation », explique le président israélien. « L’ensemble du message du pape a été un message positif et pourrait avoir des conséquences importantes » pour la paix au Proche-Orient, estime Shimon Peres, tirant par avance un premier bilan de la visite de Benoît XVI dans la région.
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Bien. C’est donc ce que Shimon Peres déclare, au quotidien du Vatican, l’Osservatore Romano, daté du jeudi 14 mai 2009. Et puis il y a cette autre phrase de Shimon Peres : « Ave Benedicte, princeps fidelium qui hodie terram sanctam visitas ». Ce qui, traduit en français, donne ceci : « Salut Benoît, Prince des fidèles qui visites aujourd'hui la Terre sainte ». Et c'est bien en ces mots prononcés en latin que Shimon Peres a accueilli Benoît XVI en Israël.
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De plus, Shimon Peres a estimé que les relations entre le christianisme et le judaïsme n'avaient jamais été meilleures depuis 2.000 ans, à l'occasion de la visite du pape Benoît XVI en Israël. « Si j'observe l'histoire des relations entre le christianisme, le catholicisme et le judaïsme depuis 2.000 ans, nous sommes aujourd'hui à la meilleure saison », a déclaré Shimon Peres lors d'un entretien publié aujourd’hui jeudi 14 mai par le quotidien français Le Parisien. « Je ne dirais pas que tout est parfait, cela ne peut pas l'être, mais c'est la meilleure saison que nous ayons jamais connue », a précisé Shimon Peres. « Peu importe les mots, ce n'est pas cela qui compte ! L'important, c'est la perspective historique. La visite du pape relève plus des livres d'histoire que des journaux », a proclamé Shimon Peres.
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Shimon Peres est président, nous dit-on. Oui, c’est vrai. Il y a un président en Israël comme il y a un président en Allemagne. Mais Shimon Peres n’est pas président d’Israël comme Sarkozy est président de la France. En Israël, comme en Allemagne, c’est le Chef de Gouvernement, le Premier Ministre, le Bundeskanzler ou la Bundeskanzlerin (et non pas le Chef de l’Etat) qui décident, non pas tout, mais beaucoup. Autrement dit, il y a les déclarations de Shimon Peres dans l’Osservatore Romano. Il y a la phrase adressée en latin à Benoît XVI par Shimon Peres. Il y a les propos de Shimon Peres cités dans le Parisien. Mais il y a aussi tout le reste.
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J’avais averti que le voyage de Benoît XVI en Israël serait démoli avant, pendant et après ce même voyage. Je ne croyais pas si bien dire. Les Israéliens comme les Palestiniens, avec le soutient hyperactif des médias français en particulier, ont récupéré le voyage de Benoît XVI à des fins politiques, sans accueillir le fond spirituel des discours lus par le pape durant ces quatre derniers jours. Benoît XVI, pape, théologien et philosophe, a défendu des valeurs spirituelles supposées toucher les cœurs. L’exercice a foiré. A qui la faute ? Benoît XVI a dénoncé le mur de séparation, l’embargo sur Gaza et l’absence d’Etat Palestinien. Il a dénoncé cela, parce que d’une part la compassion, et d’autre part les pressions exercées sur lui par certains ecclésiastiques, ont voulu qu’il dénonce cela. Personnellement, je le regrette. L’on connaît mon avis un peu sec (La "paix" selon Mahmoud Abbas) sur ces questions, et par pure charité, je n’y reviendrai donc pas maintenant.
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Quoi qu’il advienne d’ici demain, vendredi 15 mai 2009, dernier jour du pèlerinage du pape en Israël, il nous faudra par la suite relire sereinement les textes des discours prononcés par Benoît XVI en Israël, avant de tirer un bilan - global et définitif - sur ce voyage. Car il est vrai que - par moment - ces quatre derniers jours, au vu d’un certain acharnement politico-médiatique contre le pape, contre chacun de ses mots, contre chacun de ses éternuements, contre chacun de ses silences (décidément…), nous avions presque envie de dire : Frère Benoît, la prochaine fois, restes chez toi. Bref, affaires à suivre.
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