Ce que craignait l’opposition démocrate birmane soutenue par Info Birmanie est arrivé : l’instrumentalisation par la junte de l’intrusion d’un américain dans la résidence d’Aung San Suu Kyi.
« Il s’agit sans aucun doute possible d’une nouvelle une ruse du régime pour prolonger la détention d’Aung San Suu Kyi et la maintenir au secret »déclare Isabelle Dubuis, coordinatrice d’Info Birmanie.
Aung San Suu Kyi a quitté jeudi 14 mai 2009 sa résidence à bord d'un convoi de police pour se rendre à un tribunal où elle risque d'être inculpée en liaison avec l'intrusion d'un Américain la semaine dernière dans sa demeure, ont indiqué des témoins. Nyan Win, porte-parole de son parti, la Ligue nationale pour la démocratie a déclaré que* "l’avocat d’Aung San Suu Kyi a indiqué que les autorités vont inculper Aung San Suu Kyi et ses deux employées au tribunal de la prison de Insein"*, la plus célèbre de Birmanie.
*"Elles ont été amenées au tribunal aujourd'hui"* a-t-il précisé. Les mesures de sécurité avaient été considérablement renforcées à l'aube autour de la résidence de la lauréate du prix Nobel de la paix.
En laissant l’américain s’introduire chez elle, Aung San Suu Kyi aurait contrevenu aux termes de son assignation à résidence. Son avocat, Kyi Win, a précisé qu’elle encourait cinq ans de prison.
Selon l'avocat de Suu Kyi, l'Américain avait déjà essayé de la contacter l'an dernier mais elle lui avait dit de partir et l'incident avait été signalé aux autorités. Cette fois encore, Suu Kyi a dit à Yettaw de partir, mais il est resté. Le simple fait d'héberger un étranger sans prévenir les autorités à l'avance est considéré comme un délit dans ce pays, si ce n'est pas un membre de la famille.
Le procès de Suu Kyi devrait commencer lundi 18 mai. Aung San Suu Kyi est poursuivie en vertu d'une loi sur la protection de l'Etat contre la menace d'éléments subversifs. Ce texte prévoit une peine de trois à cinq années d'emprisonnement si un détenu "viole les restrictions qui lui sont imposées".Quant au citoyen américain, il a lui-même été inculpé et est emprisonné dans le même établissement.
La junte ne pouvait ne pas se saisir d’une telle opportunité à quelques jours de la fin officielle de l’assignation à résidence du Prix Nobel de la Paix. L'actuelle assignation à résidence doit prendre fin le 27 mai. Rappelons que l’assignation à résidence de la leader démocrate est non
seulement contraire aux normes internationales mais également aux lois birmanes.
Les experts juridiques des Nations unies estiment en effet que la réclusion de Aung San Suu Kyi est illégale, le droit birman n'autorisant pas plus de cinq années de détention sans procès. La lauréate du Nobel avait fait appel l'an dernier après la prolongation de son assignation l'an dernier, mais sa demande a été rejetée le mois dernier.
Source : Eric Delteil du groupe "Birmanie, un livre pour vivre' sur Facebbok