Le
62ème festival de Cannes a pris son envol ce soir, au sens
propre comme figuré. Déjà avec la présentation
du jury et des festivités, lors d'une cérémonie
d'ouverture assez sobre et placée sous le signe de l'émotion. Mais surtout avec un impressionnant
lâcher de ballons sur la Croisette, pour accompagner la
projection en avant-première de Là-Haut.
Comme son nom l'indique, le nouveau
film de Pete Docter, déjà auteur de Monstres &
Cie, tutoie les sommets, tout près des étoiles de
l'animation.
Le studio Pixar démontre qu'il a
toujours une longueur d'avance sur ses concurrents en terme de
textures et de fluidité d'animation. Une fois n'est pas
coutume, tout est soigné jusque dans les moindres détails,
des brins d'herbe aux pelages des animaux, des paysages extérieurs,
sublimes, aux plus infimes éléments du décor. Le
relief, loin de rechercher à tout prix l'effet choc et les
objets qui sortent de l'écran, joue au contraire
intelligemment sur la profondeur de l'image, et cherche à
communiquer aux spectateurs une certaine sensation de vertige. Mais
attention, on est loin, quand même de l'exceptionnelle
introduction de Volt, star malgré lui et ce
relief qui refuse le sensationnel risque fort de décevoir les
amateurs de 3D pure et dure.
L'histoire risque aussi de
décontenancer par rapport aux autres oeuvres Pixar, car elle
est assez inhabituelle et prend plusieurs virages inattendus. Son
point de départ ? Un vieillard sur le point d'être placé
de force en maison de retraite décide de faire décoller
sa maison à l'aide de centaines de ballons gonflés à
l'hélium, et part à l'aventure, réalisant son
rêve d'enfant. En parlant de mioche, il va devoir en supporter
un pendant tout le voyage, un jeune scout un peu collant et bavard.
Celui-ci, ainsi qu'un étrange duo animalier rencontré
en chemin, vont lui redonner le goût à la vie.
Il en résulte une oeuvre au
rythme assez étrange, alternant péripéties un
peu forcées, comme les passages obligés d'un jeu vidéo
– d'ailleurs il en sortira un en même temps que le film... -
et séquences plus lentes, plus banales.
Alors raté, le nouveau Pixar?
Non, pas vraiment... Moins réussi que WALL-E,
Toy Story ou Ratatouille, assurément.
Mais supérieur à bien des films en terme d'inventivité
et de sensibilité.
On admirera la façon dont les
animateurs parviennent à rendre émouvants, voire même
bouleversants, des personnages virtuels, entièrement
constitués de pixels. Et pourtant, ce n'était pas
gagné... De prime abord, il n'est pas particulièrement
attachant, ce Carl Frederiksen, vieux ronchon vivant seul avec ses
souvenirs. Mais justement, le début du film, qui retrace toute
sa vie, ses occasions manquées, les petites joies et petits
tracas du quotidien, les blessures insurmontables, le deuil, etc...
est une petite merveille de subtilité qui parvient à
parfaitement définir le personnage et ses frustrations.
Ce portrait d'une grande finesse, et la
relation qui se noue entre le vieil homme et l'enfant, sont les deux
qualités principales du film. Pas sûr que les plus
jeunes adhèrent à cet univers assez adulte, teinté
d'une certaine amertume. Ils se rabattront sur les personnages
secondaires, sur quelques gags et sur les péripéties
finales du récit.
Il est donc probable que La-Haut
n'atteigne pas les hauteurs espérées au box-office,
mais il n'en demeure pas moins un film d'animation très
plaisant et plus profond que bien des divertissement. En somme, une
oeuvre tout à fait de circonstance pour lancer un festival
aussi prestigieux que celui de Cannes.