Longtemps, le luxe semblait intouchable. Mais, avec une crise économique qui dure depuis près de deux ans, les riches aussi commencent à contrôler leur budget. Ils voyagent moins, dépensent moins et sont moins confiants quant à l’avenir. Résultat, selon Eurostaf, le secteur devrait connaître une baisse comprise entre 5 et 10 % en 2009. Une première. De 170 milliards d'euros, le marché atteindrait la « modeste » somme de 153 milliards.
La maroquinerie, produit star des années 2000, résiste un peu mieux. La baisse ne devrait pas dépasser les 3 % et certains anticipent même une hausse de 2 %. Les leaders comme Vuitton, Hermès et Gucci se disent confiants. Parmi les secteurs les plus touchés, on retrouve l'habillement (- 15 %), la joaillerie et les montres (- 12 %) et les accessoires (- 10 %). Mais, que l’on se rassure, les riches continueront à être beaux et sentir bons. Selon Eurostaf, le secteur des cosmétiques et des parfums est celui qui résisterait le mieux à la crise.
Autre grande nouvelle : les riches font aussi les soldes. Les consommateurs n'hésitent plus à attendre les bonnes affaires. Face à cette baisse de la demande, les stocks grossissent. Résultat, les ventes du premier trimestre sont principalement du déstockage. En effet, les commerçants n’avaient pas anticipé une telle baisse sur les trois derniers mois de 2008. Voilà ce qui explique les chiffres catastrophiques du premier trimestre. Malgré cette situation, les analystes sont confiants pour le futur et anticipe déjà un rebond pour cet été.
Dans ce contexte, aucun groupe ne se risque à des prévisions chiffrées pour l'année. Le leader mondial du luxe, LVMH, a affiché une quasi-stabilité de ses ventes au premier trimestre 2009 (+ 0,4 %) à 4 milliards d'euros, mais en baisse de 7 % à structure et taux de change comparables. Gucci fléchit aussi : ses ventes trimestrielles ont reculé de 3,4 %, à données comparables. Même le bénéfice trimestriel de Prada a chuté de 22 %.
Si la situation continue, l’impassable pourrait se produire à la fin de l’année : une baisse des prix. Mais dans le milieu, on ne préfère pas en parler.
Vincent Paes