(Roxana Saberi au lendemain de sa libération. Crédit photo : AP)
Quelques jours après la libération de Roxana Saberi, accusée d'espionnage au profit des Etats-Unis, les raisons de son arrestation commencent à s'éclaircir peu à peu...
On est loin, c'est vrai, d'un suspens à la John Le Carré, mais les confidences faites au Los Angeles Times - et reprises par la presse internationale - par son deuxième avocat, Saleh Nikbakht, nous révèlent des éléments du dossier que nous ignorions jusqu'ici.
Ce ne sont, en effet, ni ses reportages en tant que journaliste, ni le fait d'avoir travaillé sans carte de presse qui auraient attisé les soupçons des services de renseignement iraniens.
Selon Nikbakht, c'est à cause d'un rapport confidentiel sur l'invasion américaine en Irak, réalisé par un think-tank gouvernemental iranien, et dont elle s'était procuré une copie, que Roxana Saberi aurait d'abord été condamnée à huit ans de prison.
Les soupçons des responsables des renseignements iraniens, qui se sont battus jusqu'au bout contre une révision de sa peine - et qui continuent à affirmer qu'elle est coupable - ont également été motivés par la possession, par la journaliste irano-américaine, de documents internes à un groupe politique conservateur. Ils lui reprochent, aussi, d'avoir fait deux voyages en Israël au cours de ces dernières années (voir, à ce sujet, l'article du New York Times).
Mais, précise son premier avocat, Abdolsamad Khoramshahi, ce qui a pu sauver Roxana, c'est qu'elle n'a pas utilisé ou transmis ces documents. « Si de tels documents sont utilisés, la peine est de dix ans de prison », dit-il.
De plus, si le jugement du premier tribunal a été annulé, c'est aussi parce que les deux avocats sont parvenus à défendre l'argument selon lequel « les Etats-Unis ne sont pas un pays hostile envers l'Iran ». En première instance, Roxana avait, en effet, été condamnée à huit ans de prison pour « coopération avec un Etat hostile ».
Visiblement épuisée - elle a beaucoup maigri -, la reporter de 32 ans n'a fait qu'une brève apparition devant la presse sur le perron de son immeuble téhéranais, pour remercier ceux qui l'avaient aidé et soutenu, sans donner plus de détails sur son arrestation et sa détention. Ses déplacements ne sont pas restreints et elle peut quitter Téhéran sans problème.
En revanche, elle est interdite d'exercer son métier de journaliste en Iran pour les cinq années à venir. D'après son père, elle devrait rentrer aux Etats-Unis dans quelques jours.