28 semaines plus tard

Par Rob Gordon

Une Angleterre en forme de no man's land, dévastée par un virus zombie : tel était le décor de 28 jours plus tard, errance cahotique au pays des morts-vivants, hommage et coup de jeune offert par Danny Boyle et Alex Garland aux films de George Romero.

Il n'était pas illogique que cette brillante relecture donne naissance à une suite. Si un nouveau départ semblait possible pour Cillian Murphy et les quelques survivants qui l'entourent, rien dans le film de Boyle ne donnait de précisions sur le destin du reste du monde. C'est de là que part 28 semaines plus tard : voir comment, ailleurs sur la planète (et d'abord en Grande-Bretagne), s'organise la résistance et la reconstruction d'un univers dévasté.

Après l'intrigant Intacto, Juan Carlos Fresnadillo effectue ses premiers pas hors de son Espagne natale et fait preuve d'une certaine assurance dans sa façon d'aborder le film. L'introduction de 28 semaines plus tard est un hors d'oeuvre alléchant : le metteur en scène nous plonge au coeur d'un drame humain, terrifiant aussi bien par la promiscuité permanente du danger zombie que par l'incertitude totale de pouvoir retrouver un jour un semblant de quiétude. Le père de famille interprété par Robert Carlyle est le parfait représentant de cette angoisse multiple. La caméra bouge dans tous les sens, la tension est palpable, et puis... et puis plus rien.

Car passé ce prologue réussi, la suite de 28 semaines plus tard ne parvient à susciter que l'indifférence la plus totale. Assez inexplicable, car tous les ingrédients étaient là pour assurer le succès artistique d'un tel film. Pourtant, il y a de quoi tiquer, tant sur le fond que sur la forme.

Côté mise en scène, Fresnadillo confond souvent vitesse et précipitation, multipliant les mouvements de caméra nauséeux et abscons, liant le tout avec un montage parkinsonien à faire frémir Michael Bay d'envie. Résultat : les scènes potentiellement intéressantes sont souvent gâchées par cette envie trop marquée d'en mettre plein les yeux et de remuer les tripes du spectateur.

Entre deux moments de bravoure, le réalisateur ne s'encombre guère, multipliant les plans aériens inutiles sur la ville déserte (façon de dire : vous avez vu comme c'est dur de recréer le no man's land en plein milieu de l'Angleterre ?), et souhaite visiblement rentabiliser le thème musical du film, l'utilisant à toutes les sauces dès qu'il souhaite renforcer un aspect dramatique.

Il y a également beaucoup à redire sur le fond, le pourtant rigoureux Alex Garland multipliant les énormités scénaristiques. Un exemple parmi tant d'autres : dans la communauté résistante dirigée d'une main de fer par l'armée anglaise, le plus petit électricien a droit à un joli petit badge pour accéder aux laboratoires les plus dangereux, pendant que ses deux mioches se promènent dans une zone interdite sans que personne ne vienne leur dire quoi que ce soit (ou alors trop tard).

C'est au rythme de ces incongruités que 28 semaines plus tard déroule une intrigue plutôt classique et qui joue sur trop de tableaux en même temps, se voulant à la fois philosophique, émouvant et terrifiant. À force de viser dans toutes les directions, on finit par n'atteindre aucune cible, et c'est malheureusement ce qui arrive à un film étonnament décevant, qui ne soulève le coeur qu'à de rares endroits.

La conclusion, pour le moins gratinée, risque de provoquer quelques fous rires, notamment dans les salles françaises ; en prêtant l'oreille, on entendra également quelques rires nerveux, émis à l'idée que cette fin ô combien ouverte ne sonne le coup d'envoi d'un troisième volet que l'on devine déjà dispensable.
4/10

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28 Semaines Plus Tard (Bande annonce VOST FR)
envoyé par Terminator2006