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L’Europe face à Iran : La situation est trop grave pour que Bernard Kouchner joue les « pronostiqueurs » du « pire » et les Cassandre de la guerre

Publié le 17 septembre 2007 par Danielriot - Www.relatio-Europe.com

Ce qu’un commentateur, un observateur, un analyste peut dire est une chose. Ce qu’un Ministre des affaires étrangères est une autre chose… Comme Relatio le soulignait dès dimanche après-midi, les déclarations de Bernard Kouchner sur l’éventualité d’une « guerre » contre l’Iran suscitent de vives polémiques. Le plus clair et le moins soupçonnable de vouloir exploiter politiquement cette « annonce » est sans aucun doute François Bayrou.

« Il y a des imprudences qu'il n'est pas normal de commettre », a déclaré aujourd’hui le président-fondateur du MoDem en se disant « infiniment troublé », par les propos de Bernard Kouchner sur la nécessité de  se préparer « au pire », donc à la «  guerre » avec l'Iran.

« Que le ministre des Affaires étrangères français, s'exprimant dans une situation publique (...) dise qu'il faut se préparer à la guerre, c'est évidemment un événement extrêmement lourd. Et c’est une situation sans précédent, c'est une situation qui n'est pas approuvée par les autres démocraties, en dehors de l'Amérique », a déclaré François Bayrou lors de l'émission « Le Franc-Parler » d' « itélé », « France-Inter » et « Le Monde ».

« C'est évidemment le énième signe qui montre qu'une rupture est intervenue, qu'un tournant a été pris et que ce tournant, c'est le choix de Nicolas Sarkozy et de ceux qui l'entourent de s'aligner non seulement sur la position américaine, mais sur les arrière-pensées de l'administration Bush », a-t-il ajouté, soulignant que « jusqu'à ce jour, l'administration américaine officielle n'a jamais dit le mot « guerre » à propos de l'Iran ».

Selon François Bayrou, les propos de Bernard Kouchner sont un « signe inquiétant » qui montre que « la présidence de Nicolas Sarkozy est un tournant sans précédent qui va faire que la France abandonne la vocation d'équilibre qui était la sienne, la possibilité de parler avec tout le monde, pour s'aligner sur les plus durs des plus durs de l'administration américaine ».

« Je trouve qu'il y a là un choix de l'équipe de Nicolas Sarkozy qui est un choix qui, pour moi, mérite qu'on réfléchisse, qu'on s'arrête, qu'on dise: « il y a des imprudences qu'il n'est pas normal de commettre'.

Bayrou de rappeler « qu'à l'époque de la guerre en Irak, c'était déjà les mêmes qui étaient partisans que la France se range derrière les Etats-Unis » : «  Bernard Kouchner s'est exprimé ouvertement en ce sens et je crois que Nicolas Sarkozy, par son silence, avait montré qu'il était en assez grande distance avec ce que faisait Jacques Chirac ».

De son coté, le PS a estimé  « inquiétante » la déclaration du ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner sur le nucléaire iranien et le PCF y a vu « une confirmation dangereuse » de la « politique atlantiste de Nicolas Sarkozy ». « La France ne peut s'engager avec autant de légèreté dans des confrontations militaires dans une région si instable et mouvementée », souligne le PS qui a demandé un débat "rapide" au Parlement sur ce dossier.

« La position de Nicolas Sarkozy s'engageant à nouveau dans un scénario à l'irakienne ne peut s'expliquer que par son alignement sur l'administration Bush », estime le PS pour qui « cet alignement affaiblit l'autorité de l'ONU, met en danger la crédibilité, les intérêts et la sécurité de la France »

Le propos du locataire du Quai d'Orsay « témoigne d'une désinvolture dangereuse », s'est indigné Jean-Pierre Chevènement. « La France n'a rien à gagner à épouser docilement les vues les plus agressives de la politique étrangère américaine », a jugé le président d'honneur du Mouvement républicain et citoyen (MRC).

Les propos peu diplomatiques ont semé le trouble également dans d’autres pays d’ Europe et à l’étranger : « Il y a des règles sur la façon d'utiliser la force », a rappelé le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique Mohammed El-Baradeï. « Nous devons rester calmes. Nous ne devons pas dramatiser cette question. »

Dans son discours le 27 août à la conférence des ambassadeurs, Nicolas Sarkozy a évoqué la possibilité de "sanctions croissantes" si Téhéran ne se conforme pas aux résolutions de l'ONU. « Cette démarche est la seule qui puisse nous permettre d'échapper à une alternative catastrophique: la bombe iranienne ou le bombardement de l'Iran », avait alors estimé le président français. Paris envisage des sanctions économiques au niveau européen contre Téhéran en dehors du cadre de l'ONU, a confirmé dimanche soir M. Kouchner.

 Une réunion des six pays (Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Chine, Russie, Allemagne) impliqués dans les discussions sur le dossier nucléaire iranien est programmée vendredi à Washington.

 Kouchner aura l’occasion de confronter ses « commentaires » avec ceux faits au Kremlin puisque cette crise iranienne est inscrite à l’ordre du jour de son voyage dans la capitale russe.


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