Sibylle Dehesdin : Certains analystes tablent sur une reprise économique pour 2010… Que penser des signes de reprise que l'on peut observer ici et là?
Eric Vergnaud : Des signaux positifs sont apparus au cours des dernières semaines, avec une stabilisation, voire des progressions de certains indicateurs avancés, une atténuation des craintes de très fort ralentissement en Chine, un frémissement des exportations allemandes….
Toutefois, les données économiques les plus récentes sont pour le moins contrastées et il convient de rester prudent et patient.
Sibylle Dehesdin : Pour être plus précis, qu'en est-il aux Etats-Unis ?
Eric Vergnaud : Aux Etats-Unis, le secteur manufacturier semble se stabiliser et le marché immobilier, également, commence à offrir une meilleure résistance.
Les ventes au détail ont fléchi de près de 5% t/t annualisé au T1 2009, et les conditions restent peu propices à un rebond généralisé de la consommation.
Toutefois, le pire en matière de dépenses des ménages pourrait bien être passé, les baisses d'impôt du plan de relance devant, en outre, jouer un rôle stabilisateur dès le milieu de l'année.
En revanche, les perspectives d'investissement productif demeurent médiocres et les risques déflationnistes ne doivent pas être ignorés.
Si tous ces éléments sont loin d'annoncer une reprise imminente, ils permettent d'espérer, une modération dans la dégradation de l'activité d'ici à la fin de l'année.
Autrement dit, le plus fort de la contraction de l'activité semble derrière nous, même si celle-ci devrait se poursuivre jusqu'au tournant de l'année.
Sibylle Dehesdin : Et dans la zone euro, avons-nous les mêmes données ?
Eric Vergnaud : Il est essentiel que la demande finale reparte pour que la reprise soit solide.
Dans ces conditions, la zone euro apparaît moins bien placée, et à tout le moins ne devrait redémarrer qu'avec retard par rapport aux Etats-Unis.
Les conditions sur le marché du travail vont continuer de se détériorer, ce qui va peser sur les dépenses des ménages.
En ce qui concerne l'investissement des entreprises, les enquêtes les plus récentes n'annoncent rien de bon.
Enfin, l'ajustement de l'immobilier résidentiel, et ses effets sur le secteur de la construction, n'en est qu'à son début, ce qui constitue une énorme différence avec les Etats-Unis.
Sibylle Dehesdin : Et qu'en est-il des exportations?
Eric Vergnaud : La demande mondiale ne va pas repartir à court terme, ce qui pénalisera la zone euro, au travers de l'Allemagne.
En particulier, la Chine ne pourra pas, bien sûr, assurer à elle seule le redémarrage du commerce mondial, en dépit d'un plan de relance gigantesque.
D'une part, les autorités chinoises se posent d‘ores et déjà la question de nouvelles mesures, afin de soutenir l'activité au delà du second semestre 2009. D'autre part, la montée de la part de la consommation (et donc des importations) dans le PIB chinois ne peut être que progressive.
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