Bordeaux-III concède mais ne capitule pas

Après le vote de lundi qui a consacré la motion A, l'administration de l'université Bordeaux-III s'apprête à donner voix à la majorité, bien que le chemin s'annonce difficile

Avec 57,46% des voix en faveur de la motion A "pour l'organisation d'activités pédagogiques et la poursuite du mouvement", le vote a été clair. Les étudiants souhaitent la reprise de l'enseignement mais se sentent toujours mobilisés contre les réformes éducatives du gouvernement. Pour Patrice Brun, président de l'université Bordeaux-III, "la démocratie formelle a agi, il faut donc maintenant que l'administration en fasse de même. Ce qui prévoit d'être complexe étant donné que c'est une situation inédite pour l'université française". Et pour cause puisqu'il est maintenant question de gérer une sorte de reprise des cours sans que cela soit pour autant synonyme de défaite politique. "On ne sort pas indemne d'une mobilisation de deux mois", explique-t-il. L'objectif de l'administration est donc désormais de mettre en place des "activités pédagogiques", c'est-à-dire de proposer des cours où les enseignants auront "une plus grande latitude d'action quant à l'aménagement de l'apprentissage", et de développer des activités d'accompagnement comme les bases documentaires. Concernant la problématique de la tenue des examens, le président affirme que l'administration mettra tout en œuvre pour que les étudiants soient prêts fin juin. Toutefois, la mobilisation n'en est pas moins vive car le principal débouché envisagé par les étudiants d'arts et lettres de cette faculté reste l'enseignement. Le processus de "mastérisation" des concours remet donc directement en cause leur avenir. "Les étudiants payent le prix de l'incapacité du gouvernement", assure Patrice Brun, qui demande aussi la tenue d'un moratoire, considérant qu'il y a un grand décalage entre ce que pense le ministère et la réalité du terrain. "La force publique permet de vider une université mais ne permet certainement pas de la remplir. On n'enseigne pas avec une matraque de CRS."
Marie Labat