Pierre Michon et Emmanuel Carrère, deux des grands écrivains de notre époque se penchent avec intelligence sur l’écriture autobiographique qui caractérise assez largement la tendance de la littérature actuelle. Pour les aborder, je recommanderais les « Vies Minuscules » de Michon et « D’autres vies que la mienne » de Carrère. L’un et l’autre, au micro d’Alain Finkelkraut samedi dernier, confiaient qu’ils écrivaient sur les autres de façon « oblique ».
C'est-à-dire qu’à travers cette démarche particulière de l’écrivain qui raconte la vie d’un autre, si simple et « minuscule » soit-il, l’écrivain entretient une relation profonde avec une part de soi-même. Et, plus essentiellement, avec une part de « l’humaine nature » et de l’humaine vérité ! C’est surtout cela qui intéresse le lecteur.
Chapitre terrible dans « D’autres vies que la mienne » intitulée : « les deux Juliette ». Suite au fameux tsunami qui a frappé le Sri-Lanka, des parents voient disparaître sous les flots leur petite fille Juliette agée de sept ans. Le père demande alors à Carrère d’écrire là-dessus... Autre Juliette : sa belle-sœur, atteinte d’un cancer, quitte ce monde et laisse son mari dans la douleur. Quelle charge d’humanité y-a-t-il derrière cette masse de douleur ?
Qu’on lise aussi cet extrait du quatrième de couverture de « Vies Minuscules » et on verra, plus légèrement, que l’auteur explore des vies qui ont, elles aussi beaucoup de choses à nous dire... « Huit vies. Huit noms, à peine écrits en titre des chapitres, déjà tombés en désuétude. Pierre Michon pénètre les vies de ses ancêtres, anodines, infimes, parcellaires : minuscules ».
Et cela me ramène à l’écriture de cette « vie minuscule » de mon grand-père que j’avais écrite dans « les Nouvelles pour l’été ». J’y reviens demain.