Lettre de GdeC à Monsieur le Député Montebourg

Lettre de Monsieur gauchedecombat à Monsieur le Député Montebourg, suite à la justification qu’il a jugée utile de faire paraître sur son blog personnel

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Monsieur Montebourg,

Bien que les raisons que vous avancez dans votre texte se revêtent des atours de la raison et du bon sens populaire, ce qui pourrait vous faire apprécier d’un certain public non averti, permettez moi de vous faire savoir que vous escamotez ( par négligence ? ou à dessein ?) une partie de la réalité.

En effet, derrière le phénomène du piratage et de la nécessité de contraindre les récalcitrants à marcher dans les clous, vous ne sauriez ignorer que cette loi risque d’être invalidée par la législation européenne, ce qui mettrait la France au rang d’un pays africain qui n’aurait ni les moyens ni les conseillers techniques nécessaires pour s’informer correctement de ce qui s’élabore à Bruxelles… Cautionnez-vous donc le fait que nous soyons la risée des autres pays d’Europe ?

Par ailleurs, comme le développe en y apportant quelques précisions utiles le billet que j’ai eu la faiblesse de commettre il y a quelque temps sur le sujet (GdeC fuck l’Hadopi), vous ne pouvez balayer d’un revers de la manche le risque pour nos libertés que comporte ce projet, devenu par votre non-action (l’abstention n’est pas vraiment le signe d’un courage politique avéré…) maintenant loi. Vis à vis de laquelle on peut légitimement s’inquiéter à propos d’un gouvernement qui ne se caractérise pas spécialement par sa bienveillance envers nos concitoyens… Tant de nos droits sont bafoués en toute impunité depuis qu’un certain personnage haut en couleurs à défaut de la taille règne ne maître absolu sur notre beau pays, autrefois patrie des droits de l’homme. J’évoque ici le fait que techniquement, quand on est en capacité de collecter des adresses IP, on peut également s’introduire (comme cela a déjà été fait notamment dans le cadre de l’affaire Greenpeace) dans les ordinateurs personnels pour y collecter d’autres informations que celles purement nécessaires aux besoins de la cause… Mais je ne pousserai pas l’angélisme jusqu’à penser que vous l’ignoriez… Je laisse cela à votre conscience.

Pour en finir, car je ne souhaite pas perdre davantage mon temps avec quelqu’un qui me semble se rapprocher dangereusement de la pente glissante du ralliement à la majorité que ce pays honnit, rejoignant ainsi la cohorte des soi-disant socialistes à la mode Besson/Kouchner, je vous opposerai, toujours sur ce registre, que votre électorat risque bien de vous faire payer votre manque d’opposition, demain, dans les urnes. Et que par votre attitude, vous ne contribuez pas vraiment à donner l’image d’un PS combattif… dont la France a pourtant bien besoin.

Pardonnez-moi de prendre le risque de vous paraître un peu trop agressif à votre goût, mais il me semblait important de vous faire savoir qu’un grand nombre d’internautes engagés craignent pour leurs libertés individuelles, face à un élan répressif grandissant envers la liberté d’expression sur Internet, comme l’a encore démontré récemment, pour seule exemple, le cas de Jérôme Bourreau, dont s’affranchit si aisément Madame Albanel. La LDH, sur le site de référence qu’est la quadrature du net, n’a-t-elle pas dénoncé ce qu’elle considère comme une atteinte à nos libertés fondamentales, à propos de cette loi ?

Il me semblait par ailleurs important de vous faire comprendre que face à un gouvernement plus musclé que jamais, voir autoritaire, il me semble nécessaire de nous voir dotés d’une opposition forte, d’une exemplarité à toute épreuve. Et votre abstention, symboliquement, ne peut que contribuer à troubler des cartes déjà bien suffisamment embrouillées comme cela, au point que les français ne savent plus, politiquement, sur quel pied danser… Et dans cet égarement, nous avons tous nos responsabilités, dont il est plus aisé de se dédouaner que de se poser la bonne question : à qui profite le crime ?

Monsieur le député, je ne vous salue pas.

GdeC