Le beau métier de traducteurs reposant essentiellement sur les mots, un colloque récent organisé par Nathalie Kosciusko-Morizet le 29 Avril dernier était à ce sujet éclairant…Intitulé "Les mots et la crise", ce colloque visait à contribuer à une des missions de la secrétaire d’état : à capter les transformations sociales et culturelles portées par la crise.Ce colloque est une rencontre dédiée à l’exploration des mots de la crise et à leur interprétation en tant que marqueurs des évolutions de nos valeurs, de nos styles de vie ou encore de nos modes de consommation.
Les résultats détaillées de l’étude TNS Sofres sur le sujet sont disponibles ici.
Quelques enseignements de l’analyse sémiométrique, méthode qui consiste à appréhender les systèmes de valeurs à travers un corpus de mots. 1500 personnes interrogées, 210 mots testés, et au final 5 profils d’attitudes révélés sur la crise et la sortie de crise.
Dans le cadre de traduction à visée de communication ou de marketing, les mots qui ressortent de cette étude peuvent voir leur importance. De même pour le choix de mots servant au référencement (metatags, SEO, etc.).
Les battants : la crise, une occasion d’agir. L’analyse de « leurs » mots montre des personnalités attachées à des valeurs « authentiques », solides (patrie, prêtre, Dieu, gloire, héros, soldat et élite sont des mots sur notés par les membres de
ce groupe). Cet attachement se traduit sur le plan personnel par une soif de réussite et un goût pour le travail (commerce, industrie vitesse et ruse)
Les rebâtisseurs : la crise, un obstacle dépassable, voire une étape salvatrice. L’étude des mots qu’ils aiment ou n’aiment pas permet de déceler parmi eux des personnalités volontaires et dynamiques (construire, effort, ambition et commerce sur notés), ouverts à autrui (étranger, différent et original) et ayant tendance à mettre à distance les menaces anxiogènes afin de se construire
un cadre serein et rassurant (tendresse, féminin, bleu, intime et sublime).
Les repliés : la crise, une nouvelle source d’inquiétude. Constitué plus souvent que la moyenne de jeunes et de cadres, ce groupe fait preuve d’attitudes plutôt pessimistes (rire, humour et rêver sont des mots sous notés) a tendance à rejeter l’ouverture (aventurier, original, étranger, désert et absolu sous notés) et se construit davantage par opposition que sur des convictions (peu de mots de ce groupe sont sur notés par rapport à la moyenne, on observe principalement des mots sous notés).
Les réformateurs : la crise, une occasion pour réfléchir. on discerne à travers leurs mots des personnalités plutôt anticonformistes (patrie, gloire, honneur, loi sont sous notés) qui aspirent à s’éloigner des valeurs traditionnelles (fermeté, rigide, discipline sous notés) pour atteindre des vertus plus apaisantes (fleuve, nager, eau, art, livre, enseigner sont ainsi sur notés).
Les sinistrés : la crise, une réelle menace pour eux. Leurs mots révèlent des personnalités humbles faisant preuve d’un rejet de la puissance (gloire, héros, commander, souverain, soldat sous notés) : en quête de sérénité et de réassurance (fleur, tendresse, gratuit, gaîté, douceur, humour, musique, vert, eau, rêver sur notés), ils recherchent par ailleurs un nouvel ancrage dans les
valeurs sociales de notions telles que la fidélité, la prudence ou la modération (famille, adorer, fidélité, politesse, économiser et règle sur notés).