Dans la série le centre national de ressources textuelles et lexicales nous dit tout. Aujourd'hui le mot inventer.
1. Trouver par la force de l'imagination créatrice et réaliser le premier quelque chose de nouveau.
Domaine de l'art. Il [l'artiste médiocre] ne peut qu'inventer timidement et que copier servilement (Delacroix, Journal, 1854, p. 174). C'est une qualité rare chez les peintres que l'invention; elle est rare même chez les grands maîtres (...). Le plus souvent, lorsqu'ils inventent, les peintres ne font que trouver des sujets déjà inventés par les poëtes. Ch. Blanc, Gramm. arts dessin, 1876, p. 495. − Expr. fam. Il n'a pas inventé la poudre. Il est très naïf, ou, il n'est pas très intelligent.
2. Au fig.
Inventer qqc. Façonner, forger.J'ai besoin de réfléchir (...) j'invente ma vie, j'essaie mon cœur (L. de Vilmorin, Julietta, 1951, p. 174) : la première différence entre le grand homme et l'homme du commun, c'est que le grand connaît sa puissance et sait qu'il peut inventer l'avenir.Maurois, Dialog. commandement, 1924, p. 19. Inventer qqn. Faire exister, faire connaître.Il a inventé le peintre Courbet, lequel a fait un ferme propos de ne jamais embellir la nature et n'a jamais enfreint son serment (Veuillot, Odeurs de Paris, 1866, p. 388). Il dirige la cristallerie de Saint-Florent, à trois lieues de Bourges (...). C'est le préfet du Cher qui l'a inventé (Zola, E. Rougon, 1876, p. 75) : Les chefs radicaux pouvaient-ils résister à cette intrigue opportuniste? L'appui populaire leur manquait depuis qu'ils avaient renié sans motif suffisant un général inventé par eux comme le moyen décisif de la démocratie. Barrès, Appel soldat, 1900, p. 196.
− Emploi pronom. réfl. On s'invente quand on médite sur soi (Arnoux, Zulma, 1960, p. 22).
P. ext. 1. Imaginer, concevoir. Quand ils auront leur saoul d'argent, ils se mettront peut-être à inventer le bonheur (Bernanos, Enf. humil., 1948, p. 138).
Inventer de + inf. Avoir l'idée de. 2. En partic. Imaginer et donner comme réel, dans le seul but de tromper, quelque chose qui n'existe pas réellement.
Inventer un mensonge. Paul avait proposé la chose comme une personne découverte en flagrant délit prend un air enjoué et invente une bourde quelconque (Cocteau, Enf. terr., 1929, p. 115) : ♦ Absol. Il [Pierre le fou] inventait à mesure; il avait l'air faux (Sartre, Mur, 1939, p. 60). ♦ Emploi pronom. réfl. indir. Il n'avait pas l'air d'un miché. Mais il n'était certainement plus « du milieu » depuis longtemps. (Il avait parfois besoin de s'inventer des biographies complètes, mais rarement.) (Malraux, Cond. hum., 1933, p. 363). − Je n'invente rien. Ce que je dis est vrai. (Dict. xxe s.). − Ce sont des choses qui ne s'inventent pas. Cela est sûrement vrai. (Dict. xxe s.).