Alors que les premiers rayons de soleil pointent à l’horizon et que les week-ends de trois jours accordent un peu de repos en ces temps difficile, Délits d’Opinion questionne sur l’actualité sociale du moment.
Délits d’Opinion : Un Français sur deux ne partira pas en vacances cet été, la plupart du temps, pour des raisons financières.
Vous avez présenté, avec de nombreux autres parlementaires une proposition de loi instaurant une aide au départ en vacances pour les enfants et adolescents : comment cela pourra t-il fonctionner ?
Marie-Line Reynaud : Comme vous le précisez, chaque été, trois millions d’enfants ne partent pas en vacances dans notre pays. Parmi ceux-ci, deux millions des 5-19 ans ne partent même pas un week-end hors de chez eux et un million partent moins de quatre nuits consécutives selon l’Observatoire des vacances et des loisirs des enfants et des jeunes (OVLEJ).
Dans une société où le départ en vacances constitue le modèle social pour une majorité d’enfants et d’adolescents, ne pas partir représente une inégalité et une injustice sociale majeure. À l’heure actuelle, des dispositifs d’aides aux départ en vacances existent mais sont insuffisants et dispersés entre différents acteurs : dispositif Ville-vie-vacances, collectivités locales, comités d’entreprise, bons CAF, Agence nationale des chèques vacances, tarifs réduits SNCF et campagnes nationales de solidarité des associations comme Jeunesse en plein air et le Secours populaire.
C’est à l’État de s’engager et de rendre effectif le droit aux vacances pour tous par la création d’une aide au départ en vacances pour les enfants et adolescents mineurs (ADV).
Nous proposons que cette aide soit ciblée, d’un montant minimum de 200 euros versée sous conditions de ressources et serait affectée directement au financement de séjours organisés par les centres de vacances agrées.
Délits d’Opinion : Mais, au delà de cette tendance, on sent une insatisfaction grandir chez les jeunes. 40% des moins de 30 ans se déclarent mécontents de leur niveau de vie. Comprenez-vous ce sentiment et comment améliorer leur situation ?
Marie-Line Reynaud : Je comprends ce sentiment d’insatisfaction que les jeunes peuvent éprouver . L’INSEE révèle qu’en 2006, 21% des 18-24 ans vivaient avec moins de 880 euros par mois. Pour améliorer leur situation et leur pouvoir d’achat, le parti socialiste propose de revaloriser le SMIC et les prestations sociales (APL, ALS, …).
Les jeunes sont aussi la tranche d’âge de la population la plus touchée par le chômage. Si aucune politique n’est mise en oeuvre, ce phénomène va s’accentuer avec la crise économique que nous traversons. Lors de la campagne présidentielle, nous avons proposé de créer une allocation autonomie pour les jeunes sous condition de ressources avec un contrat pour faciliter les études et l’entrée dans la vie active.
De même, nous proposions de créer le droit au premier emploi des jeunes, pour qu’aucun ne reste au chômage au-delà de six mois sans avoir un accès à une formation, un emploi aidé ou un tutorat rémunérés. Il faut aussi ouvrir 500 000 emplois tremplins aux jeunes, en généralisant la mesure prise par les régions de gauche.
Dans ce cas, pensez-vous que les mesures prévues par la loi HPST notamment l’interdiction des “open bar” vont dans le bon sens ?
Marie-Line Reynaud : L’article 24 du projet de loi HPST va interdire la pratique de l’offre gratuite de boissons alcoolisées à volonté, dite « open bar ». Cette mesure va dans le bon sens. Une politique du tout répressif ou de prohibition, déjà expérimentée par le passé dans certain pays, n’a pas entrainé une diminution des conduites addictives vis-à-vis de l’alcool. Lorsque je me suis exprimé sur cet article du projet de loi, j’ai souligné son coté uniquement répressif. Il n’y a aucun volet prévention dans cette loi. Or, L’IREB montre dans un rapport la relative méconnaissance des Français concernant l’équivalence entre les boissons et l’alcool au volant. Ce constat doit inciter les pouvoirs publics à relancer la prévention et les campagnes d’informations sur les dangers de l’alcool au volant.
Une politique de santé publique par la prévention est essentielle, elle doit en particulier cibler les jeunes. Des actions d’éducation sont déjà engagées mais doivent être fortement renforcées pour sensibiliser les jeunes aux risques de l’alcool.
Propos recueillis par Olivier