Après quelques intermèdes ensoleillés et l'historique concernant la ville de Wattrelos, où j'ai passé mon enfance, me revoilà pour vous raconter les aventures de cette nouvelle vie qui commençait dans ce commerce tenu par mes parents.
Ci-dessus une photo ancienne, qui représente le quartier où nous étions venus nous installer, suite au déménagement. Le bistrot tenu par mes parents, se trouvait dans la rue situé au fond à droite sur la photo;
La rue des Fleurs...............
Nous voilà donc arrivés dans cette nouvelle vie décidée par mes parents.
Un bistrot vieillot et triste et surtout un logement loin d'être idéal :
un petit séjour sombre, jouxtant un minuscule couloir qui nous servait de salle d'eau et de cuisine encore plus sombre, avec un évier noir, constitué d'une pierre d'ardoise, et des toilettes qui se trouvaient à l'extérieur dans la cour, située juste avant le jardin.
Ci-dessus, maman en 1956 attablée au café.
1956 - La façade de notre bistrot "Au Bon Fraisier", rue des fleurs, rebaptisée par la suite rue Louis Dornier, le premier nom était plus romantique.
Maman, mon frère et moi.
Pour nous rendre dans nos chambres respectives situées au premier étage, il fallait passer par le bistrot, et cela n'était pas du meilleur goût.
En effet, il fallait supporter les commentaires ou les moqueries des clients.
Le fait d'être en pyjama et d'embrasser nos parents devant eux, me donnait l'impression qu'on me volait une partie de ma vie intime.
Il en était de même le matin au réveil, puisque nous avions une clientèle très matinale, des immigrés espagnols, arrivés clandestinement en France, (c'était la période de Franco) ils étaient venus pour travailler à la Lainière de Roubaix, là ou on fabriquait les fameuses chaussettes Stem, la laine à tricoter Pingouin, et les tricots Rodier etc... c'était une autre époque.
Ces Espagnols en question, ne parlaient pas un mot de Français et s'exprimaient dans leur langue que je n'étais pas censée comprendre, mais par la force des choses, je devinais très bien ce que signifiait le mot "féa", dont on m'affublait ironiquement chaque matin au réveil, lors de mon passage dans le bistrot, pour me narguer.
Il faut dire que cela prenait une ampleur démesurée chez moi qui n'avait que huit ans et avait le don de me mettre d'une humeur de chien, mais je résistais, par respect pour mes parents.
J'éprouvais donc le besoin de m'assurer de mon attrait physique dans un miroir, à force d'entendre ces choses là !!!
Pourtant il me semblait que j'étais plutôt "wappa" d'après ce que j'entendais généralement ! ! Mais ce "féa" dès le matin, me laissait douteuse sur mon physique de petite fille sensible.
Mis à part tous ces désagréments, nous avions quand même la chance d'avoir un grand jardin derrière le bistrot, qui longeait une salle de jeu de "bourles" l'équivalent d'un jeu de pétanque, pratiqué dans le Nord de la France, sur un terrain intérieur et différent, avec des boules en bois, lourdes, de forme cylindriques.
1956 - une photo de mon père dans sa "bourloire"
2008 -suite au décès de maman en Juillet, un retour aux sources s'imposait.
Voici la bourloire telle qu'elle est actuellement.
1959 -Avec mon frère, ma soeur et notre chien.
Dans le fond, la cour et l'arrière de notre maison et bistrot.
Juillet 2008 -
Voilà la maison telle que nous l'avons retrouvée.
1959 - Dans notre jardin, mon frère en haut de la balancçoire,
et ma soeur assise sur mes genoux.
1961 - C'est moi en train de faire du zèle, devant ma soeur admirative !!!
2008 -
Nous avons retrouvé le jardin de notre enfance, qui me paraissait immense autrefois !!!
A côté du café, pour se rendre en classe, nous empruntions une ruelle sombre et exigüe, où se trouvaient quelques habitations, pour
aboutir sur des prés où broutaient les vaches.
Au bout de notre rue, sur chaque trottoir respectif, se trouvait une ferme, où nous allions chercher du lait, des oeufs, du beurre ou du fromage blanc, c'était une époque formidable, sans supermarché, ni produits bio, mais naturels et frais !!!
C'est une photo de cette la ferme où l'on allait
s'approvisionner, actuellement transformé en Musée.
Après avoir continué le chemin, juste après l'une des fermes, il y avait un bois (le bois d'Halluin), désormais transformé en parc (Le Parc du Lion), et il était devenu notre terrain de jeu, lorsque nous avions la permission de nous y rendre, et au fond du bois, c'était la frontière franco-belge....
Voici cette ferme telle qu'elle existe actuellement, reconvertie en ferme pédagogique.
Avec sa superbe mare et la préservation de ses activités, elle est désormais un bel exemple de site vivant.
Dans le fond, le bois d'Halluin.
J'ai finalement un jour réalisé pourquoi lorsque je m'aventurais vers la ferme, les clients du bistrot me faisaient ce genre de réflexion "courre, tu arriveras au bout de la France" !!!
Evidemment mon frère pouvait s'en donner à coeur joie, avec ce bois si proche du café, mais nous ne fréquentions plus les mêmes établissements scolaires, je me retrouvais en primaire, lui au collège complètement à l'opposé de mon école, donc je n'étais plus vraiment témoin de ses frasques.
Mais l'histoire ne s'arrête pas là.................