Les livres imprimés, une cible exponentielle pour les pirates

Publié le 12 mai 2009 par Actualitté
Scribd a décidément des soucis à se faire : le dernier auteur en date et non des moindres, à se rendre compte qu'un de ses livres était disponible n'est autre qu'Ursula Le Guin et a découvert que La main gauche de la nuit, publié en 1969, qui lui valut un Hugo et un Nebula.
Sauf que ni elle, ni son éditeur n'ont autorisé cette publication numérique. Stupeur et consternation d'Ursula : « Pourquoi pensent-ils qu'ils peuvent violer mes droits d'auteur et s'en sortir ? »
Le piratage ? Exponentiel...
Cinéaste et musiciens - du moins, les majors - se sont battus contre le piratage, et l'industrie du livre y fera face, dès lors qu'elle passera en version numérique. Tant que quelques rares copies de King ou Harry Potter étaient éparses, le problème semblait mineur, mais depuis qu'une certaine expansion se constate, la donne change. Et pour David Young, directeur général de Hachette Book Group, la tendance est exponentielle. « Notre service juridique perd de plus en plus de temps à faire la police sur les sites où une oeuvre sous droit est présente. »
Et d'évoquer Scribd, Wattpad et autres... Un problème qui se généralise, donc, et face auquel l'avocat de John Wiley & Sons, éditeur de manuels scolaires a envoyé près de 5000 avis et demandes de retraits le mois dernier, cinq fois plus que l'an passé. Un jeu de dupe, tant la tâche augmente.
Filtrer, certes, mais la peur tenaille
Pourtant, Scrib comme Wattpad ont fait amende honorable et à plusieurs reprises annnoncé qu'ils mettaient à disposition tout ce qu'il fallait pour que les ayants droit puissent faire retirer une oeuvre indûment placée dans leur service, tout comme YouTube ou DailyMotion l'avaient fait en leur temps. Des filtres existent et chacune des sociétés travaille dur pour maintenir une qualité réelle.
Mais une loi du silence s'empare subrepticement des éditeurs, qui refusent alors tout commentaire, de peur d'attirer l'attention des pirates. Eux qui se croyaient relativement à l'abri sont désormais confrontés à une situation qui les dépasse. Pourquoi ? L'absence d'offre légale est encore une fois pointée du doigt.
Et l'offre légale d'achat, déjà plus importante qu'en France ?
Si des sites existent qui permettent d'acheter des livres numériques, le grand public ne se hasarde que rarement à acheter des ouvrages peu connus et attend avant tout des titres reconnus comme ceux des grandes maisons d'édition. Avant de franchir le pas d'un achat d'ouvrage vendu sur un site X ou Y, les moeurs ont le temps de changer. Le prix est aussi à prendre en compte...
Diffusion pour vaincre l'anonymat
Mais cela n'explique pas tout : aujourd'hui que les éditeurs produisent de plus en plus de fichiers numériques, le piratage se voit ouvrir une voie royale. Et les auteurs ne se sentent tout simplement pas de faire la traque aux oeuvres contrefaites. L'énergie déployée est une goutte d'eau dans l'océan tumultueux du net. Pour certains, la demande n'est d'ailleurs pas de recevoir des sommes folles pour leur création, mais simplement d'être rémunéré à la hauteur de leur travail.
Et si pour certains le piratage n'est pas le problème en ce qu'il permet de diffuser plus amplement leurs oeuvres. Du tout bon, donc, puisque même en cas de contrefaçon, ils se font connaître. C'est le cas de Cory Doctorow, qui explique que pour lui, l'anonymat est pire que le piratage...