Magazine Côté Femmes
Il n'y a qu'un endroit au monde où on se surprend à souhaiter une bonne commotion ou une franche chute à un enfant. Qui n'est pas le nôtre, bien sûr! Cet endroit? Les salles de jeux des restaurants.
Avant, je les recherchais. "On va aller au St-Hubert, près de la salle de jeux. On va être tranquille!", que je disais. Erreur. Chaque fois qu'on y allait, je passais la soirée sur le gros nerf. Même si on était assis tout près de la salle de jeux. Je ne sais pas si les salles de jeux sont l'ultime lieu où les parents à boutte viennent déposer leurs petits montres. Elles sont remplies de tyrans qui ne dissimulent même pas les supplices qu'ils infligent aux plus petits. Il y a Celui-qui-pique-systématiquement-les-jouets-des-autres, Celui-qui-pousse-tout-le-monde, Celui-qui-monopolise-la-glissoire, Celle-qui-vole-le-ballon-ou-qui-détruit-la-construction-précaire-de-l'autre, le-grand-de-10ans-égaré-dans-la-salle-trop-cool-pour-jouer-avec-les-petits-et-qui-s'évachent-dans-la-glissoire-question-de-prendre-toute-la-place, Ceux-qui-se-bataillent, Celui-qui-se-prend-pour-un-singe-et-fait-des-empilades-de-chaises-sur-la-mini-table, Celui-qui-a-l'air-d'avoir-avalé-8-coolaids-tellement-il-est-excité-et-pas-tenable, etc.
J'ai jamais autant souhaité une belle commotion. Rien de bien grave! Juste assez sonné pour ne plus l'entendre quelques minutes. Ou un bête accident, genre une dent pétée, la babine fendue, un nez en sang ou quelque chose.
Ce qui m'hallucine toujours, ce sont les parents de ces enfants! Eux, ils viennent souper en les dompant à la salle de jeux. Souvent, on les croirait assis 14 tables plus loin, dans une éloignée et recluse banquette. On jurerait les avoir entendu dire "Pouvez-vous nous asseoir le plus loin possible question qu'on ait un break de nos enfants! On n'en peut plus!". Mais nooon! Les parents des tyrans sont souvent assis juste devant la salle de jeux. Ils ont donc tout le loisir de voir les niaiseries de leur progéniture, mais ne bougent pas le petit doigt pour les ramener à l'ordre. À croire qu'ils ne les entendent et ne les voient même plus! Christie! Ton gars est debout sur une chaise qui est elle-même sur une table et mon gars joue tout près... t'as pas idée de lui dire que ce n'est pas un coup de génie? Le postérieur de ta fille de 10 ans est écrasé sur le haut de la glissade. Ce n'est pas son trône! Les enfants derrière elle ne sont pas ses sujets: ils attendent, trop gênés pour lui dire de dégager!!! Allo??
Devant ces monstres, quelques choix s'offrent à nous.
1) Dire tout haut à l'enfant "Tes parents t'appellent! Ton dessert est arrivé, j'pense!". Ne saisissant pas l'astuce, ils se garochent à leur table et du coup, on peut savoir à quel heureux parent ce monstre appartient... (gnac gnac gnac!)Ensuite, on peut apostropher le parent qui, quand on lui dit que son fils terrorise les autres, semble complètement tomber des nues (ouinnn, messemble que tu ne le voyais pas!!).
2) Délimiter le territoire de construction de JeuneHomme en ne se gênant pas d'évacuer l'envahisseur en le repoussant subtilement avec sa jambe. Du coup, on peut même essayer de mettre notre pied bêtement là où il marche pour l'enfarger... ohhh!
3) (re)prendre possession de la glissoire en déclarant à la pré-ado "À ton âge, je ne peux pas croire qu'elle te fait peur la glissade. Ça fait 10 minutes que t'es plantée là! Tu veux que Bébé te montre comment faire?".
3) Renforcer l'estime de soi de nos enfants en les encourageant à s'affirmer librement et que les gros mots ce soir, on ne les entend pas et qu'on n'enlèvera aucun collant sur leur calendrier de "motivation". Même qu'une bonne réplique bien sentie pourrait valoir une double récompense en collant!
D'autres idées?