Authenticité

Par Rendez-Vous Du Patrimoine

Clichés I. Rambaud

Fontainebleau, le 6 avril 1814. L'empereur Napoléon 1er signe son abdication avant de partir pour l'île d'Elbe. Les fameux "adieux" suivront de près. Le château expose la table où l'empereur déchu a signé cet acte de renoncement. Enfin, nous dit-on, "aurait signé". Non pas qu'il y ait un doute sur la signature mais il y en a un, semble-t-il, sur la table. La table sur laquelle il "aurait signé". Le conditionnel jette un flou évident sur le mobilier en question, un joli guéridon, vernis à se perdre à la surface comme à celle d'un lac. Profondeurs de l'histoire et doutes sur l'authenticité de l'objet.Le vertige n'est pas loin. On est prêt à admettre ce qu'on vous dit mais si personne n'est sûr ? Le visiteur aime a priori les certitudes des experts, les affirmations des historiens, les couleurs tranchées des conclusions définitives : cette tapisserie est de 1655, ce vase a été peint par Raoul Dufy, ce manuscrit a été écrit par Aragon une nuit de pleine lune à Trifouillis-les-Oies. On est rassurés. C'est écrit. On sait, ou d'autres savent pour nous. On fait confiance.

Découvrir le conditionnel au détour d'un couloir, c'est introduire soudain la prudence mais surtout l'ignorance, embusquée comme une vilaine tache derrière les somptueuses soieries, les chandeliers d'argent, les tapis festonnés qui sont tous estampillés, identifiés, datés, inventoriés... Enfin, tous ?Merci pour votre lecture ! Thank you for reading !