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Contre Haldopibanel, HALDOPI, vite !

Publié le 12 mai 2009 par H16

Une fois n'est pas coutume, je ne vais pas taper sur la HALDE. L'antre mou et gluant de l'égalitarisme paroxysmique pourrait pour une fois servir : une nouvelle discrimination méchante, vilaine et pas belle s'est produite et sa victime n'aura pas trop d'aide avec celle de la Haute Autorité pour le Sexage des Bigorneaux. Un citoyen, manifestement pas assez festif, a contacté son député pour lui transmettre son opposition à HADOPI. Et s'est fait virer.

L'affaire est dans les journaux depuis quelques jours : trop croustillant pour être oubliée, trop éclaboussant pour disserter longuement, trop défavorable au gouvernement pour que les habituels détracteurs ne se jettent pas dessus comme la misère sur le pauvre monde.
Et en bonne ligne, on trouve bien sûr Le Monde et, évidemment, Libération qui aura - quelle coïncidence - révélé toute l'affaire. OK : pour une fois, Libé a réellement un scoop et ne bidonne pas ses analyses sur des informations mal digérées.
Les jours qui suivent enfoncent le clou : l'affaire prend de l'ampleur. En gros et pour récapituler, un cadre de TF1 écrit à De Panafieu, la député de sa circonscription, pour dénoncer la loi PAM (Petits Arrangements avec les Majors, dite aussi Création & Internet) fondant l'HADOPI. La député, cherchant péniblement un argumentaire - pas facile devant la stupidité de la loi - s'enquiert donc auprès du ministère en charge de la promotion de cet exercice de lobbying appliqué. A la Culture, c'est la panique : un cadre de la chaîne présidentielle privée qui s'oppose, c'est impensable. Il faut agir ! Une fuite est organisée et le mail se retrouve chez les dirigeants de TF1 ... qui licencient.

Contre Haldopibanel, HALDOPI, vite !

Haldopibanel : un monstre polymorphe qui n'y comprend rien.
La nouvelle fait donc grand bruit dans les médias (notamment de gauche) et finit par acculer Albanel à suspendre un mois l'indélicat et zélé délateur qui travaille pour TF1 elle. On aura vu plus violent comme réaction à une faute lourde.
Seulement voilà : cette affaire pue d'un bout à l'autre et de tous les côtés.
D'une part, on ne peut qu'être ahuri devant tant de stupidité de la part de la chaîne télévisuelle. Licencier un employé sur un motif purement politique, dans le cadre d'une correspondance privée, obtenue par des moyens détournés et à l'insu de l'intéressé, c'est assurément une méga-bourde : la direction va se faire étriller par les prudhommes. Et ce sera bien fait. Introduire un tel motif de licenciement, discriminer ainsi son employé sur une opinion politique privée, c'est littéralement une atteinte à l'égalité, à la liberté d'expression et, de façon générale, une énorme gaffe patronale qui mérite l'intervention d'une HALDE musclée. Rien qu'imaginer la petite trogne de Schweitzer, Snoopy dégoulinant de bien-pensance douillette, tancer vertement le patron de TF1, je me lole les tréfonds.
Contre Haldopibanel, HALDOPI, vite !

Rien de tel qu'un Schweitzer de combat !
D'autre part, on peut noter le temps qu'il aura fallu pour que cette affaire émerge ; en effet, alors qu'en mars et avril, la loi semblait proche d'être votée et acceptée, et après donc que tout ce galimatias soit déclenché (le licenciement date de début mars), personne n'avait entendu parler de notre sémillant cadre de TF1. Il aura fallu attendre le 7 mai pour que Libé déclenche les hostilités. Je m'interroge : que s'est-il passé entre le 4 mars et le 7 mai ? Pourquoi maintenant et pas plus tôt ? Certains organes auraient-ils senti que, finalement, l'affaire HADOPI n'était pas dans le sac, et qu'il y avait là matière à discuter, débattre et tempêter ? Je dubite.
Mais le plus rigolo, ce sont les commentaires et réactions des parasites de l'audimat qui viennent se greffer sur l'affaire pour grappiller un peu de l'audience qu'elle génère. On y retrouve en bonne ligne le communiste Brard qui s'inquiète dans cette affaire de "la consanguinité entre l'appareil d'État et les majors de la communication", ce qui est d'autant plus comique que cette connivence louche s'exerce en réalité depuis le début que les gouvernements successifs s'emploient maladroitement à museler les internautes au profit des Majors, et qu'on n'a guère entendu jusque là les voix fortes et massives de l'opposition, ou des autres médias.
En pratique, tout ce petit monde semble gentiment courroucé de façon purement ponctuelle, au rythme des vagues médiatiques suscitées par l'une ou l'autre péripétie de législature. Par exemple, on n'entend personne s'étonner ouvertement qu'une chaîne de télé prenne parti pour HADOPI alors que son positionnement devrait être neutre : ce serait bien plus malin commercialement et politiquement. Quelque part, ceci confirme que le cœur de cible de TF1 prend salement de la bouteille et que l'internaute est déjà considéré comme hors d'atteinte, pour trottiner à ce point sur ses éventuelles susceptibilités.
Côté journaux, à l'exception des quotidiens sur internet et ceux qui sont spécialisés dans les technologies de l'information, qui ont, eux, régulièrement relaté les tenants et les aboutissants des tentatives pathétiques de lois idiotes (DADVSI et HADOPI à présent), la presse généraliste semble encore une fois à la ramasse pour relayer les informations.
Et question analyse, c'est encore un peu court. Dans l'article du Monde précité, on trouve ainsi C'est peut être l'épilogue de la dernière polémique en date autour de la loi Hadopi.... Epilogue ? Allons, allons : un peu de sérieux. S'il s'agit peut-être d'un simple rebondissement au niveau de toute l'Epopée Hadopi - dont on racontera certainement les meilleures passages dans cent ans encore pour effrayer les petits enfants - , c'est de plus en plus certainement la goutte de trop qui va faire déborder le vase internet.
Car à n'en pas douter, cela fait maintenant trop longtemps que des abrutissantes conneries sont débitées en séances parlementaires par une Albanel complètement ignare en la matière. Cela fait trop longtemps que les gouvernements successifs tentent de bricoler par tous les moyens techniques et législatifs la trayeuse automatique pour la rabouter aux internautes vache-à-lait qui s'en sont séparés pour gambader dans les pâturages de l'alternatif. Cela fait trop longtemps que des paquets de vieux schnoques antédiluviens tentent d'imposer une vue passéiste des droits intellectuels dans une société qui évolue beaucoup plus vite que le calendrier législatif ou politique. Et cela fait trop longtemps que l'absence compacte de toute alternative sérieuse à la répression informatique sévit sur le territoire.
Tout ceci aboutit non pas à un "épilogue" pour reprendre la formule euphémique du Monde, mais à de plus en plus vives protestations, dont voici la dernière en date : l'Hadopithon. S'acheminerait-on, progressivement, à une prise de conscience qu'il y a quelque chose de pourri au royaume d'Hadopi ? Si l'on s'en tient à tout le petit monde en marge d'internet, à commencer par les vieux artistes, les chanteurs décatis et les vieux routiers de l'intermittence du discernement et de la lucidité, suivis par les médias qui voient surtout dans le nouvel arrivé un concurrent féroce qui leur prend des parts de marché, la grogne n'est qu'un petit bruit de fond, et ne mérite guère qu'un petit entrefilet.
Seulement voilà : internet est plus qu'un médium d'information, c'est aussi un formidable outil de communication et d'organisation. Au rythme où vont les choses, on peut légitimement se demander s'il n'aura pas la tête d'Albanel.
Contre Haldopibanel, HALDOPI, vite !



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