Derek Walcott, poète et dramaturge né en 1930, reçut le prix Nobel de littérature en 1992, postule pour une chaire à l'université d'Oxford au poste de professeur de poésie. Une voie royale ? Mais semée d'embûches : alors qu'ils sont trois candidats en lice, Walcott serait en bonne place, si une campagne de diffamation n'avait pas été lancée contre lui, l'accusant de harcèlement sexuel.
Entre 50 et 100 professeurs de l'université ont reçu des photocopies de pages d'un livre accusant le poète - une affaire qui date de 1982 - ayant pour but affirmer de saper la réputation du poète. Une étudiante affirme que le professeur lui aurait clairement proposé de faire l'amour avec lui, ce qu'elle aurait refusé, et qui lui aurait valu un C en guise de note.
Walcott enseignait alors à Harvard, et le professeur, contraint de s'excuser, avait rétorqué qu'il n'avait jamais senti de réticence de la part de l'étudiante sur ce point. Sauf que les documents anonymement envoyés depuis Londres remuent les souvenirs, bien que les concurrents de Walcott pour le poste disent ne pas s'en soucier. Et ramènent sur le devant de la scène une autre histoire, assez similaire, datant elle de 1995, où une étudiante de Boston a déposé la même plainte.
Classée sans suite, l'affaire n'en entache pas moins le vote futur. Quoiqu'au cours de ces deux accusations, rien n'ait été prouvé, on aurait reconnu que le professeur n'avait pas conservé le flegme que son poste imposait. Or, son poste à Oxford consisterait à intervenir dans le cadre de conférences, et non de devenir enseignant en poste. Aucun danger potentiel, remarque-t-on.
Malgré des réflexions sages, le poète pourrait être exclu de la course pour ces raisons, mais aujourd'hui, l'université d'Oxford ne fait pas de commentaires sur la situation. Les preuves et la qualité de son travail sont là : à chacun de voter en son âme et conscience.