Un mois après sa réélection à la tête de l’Etat, Abdelaziz Bouteflika semble se complaire dans l’inaction et l’immobilisme qui ont caractérisé les deux mandats précédents. En tout cas, la majorité écrasante des Algériens qui n’a pas voté le 09 Avril passé, n’en déplaise à Zerhouni et consorts, n’attend rien d’un homme qui ne s’est distingué, dix ans durant, que par le déroulement du tapis rouge aux islamistes de tout bord et l’ouverture des frontières douanières aux professionnels de l’investissement prédateur.
La reconduction totale du gouvernement Ouyahia et le rythme donné à la gestion des affaires tranchent avec la gravité de ton adoptée lors des discours de campagne sur la situation désastreuse du pays, et renseignent amplement sur la panne paralysante qui frape l’action publique.
Il est aujourd’hui inadmissible d’entendre des voix s’élever pour nous reprocher de ne pas laisser au président le temps nécessaire pour prendre l’élan. Dix années, marquées par des rentrées en devises providentielles et inespérées et une situation sécuritaire des plus favorables, nous semblent plus que suffisantes pour mettre le pays sur les rails. Obama a, en quatre mois de prise de fonction, fait des pas de géant dans le remodelage de la politique américaine, à l’intérieur comme à l’extérieur. S’il est vrai que derrière le dynamisme du président américain se profile un programme bien ficelé et un chalenge politique à relever, l’absence d’un programme présidentiel clair et le plébiscite à la soviétique que Bouteflika s’est offert sur la base de slogans creux et insensés ne donnent pas à ce dernier le droit de naviguer à vue et de se permettre les caprices d’un sultan qui languit dans son harem. Les Algériens en ont marre et leur patience a des limites. Les émeutes qui éclatent chaque jour dans divers coins du pays sont autant d’indices de « l’intenabilité » de la situation. Au lieu de passer son temps à acheter la paix sociale au prix fort, il est plus recommandé d’arracher une stabilité durable au prix de sacrifices suprêmes.
A la fin d’une carrière, Bouteflika a la chance inouïe de s’inscrire dans l’histoire en faisant de ce mandat un chantier de réformes institutionnelles sérieuses qui passent nécessairement par une Assemblée Constituante qui mettra de l’ordre dans la maison Algérie. De par les pouvoirs qu’il s’est octroyés, Bouteflika a de quoi bâtir une Algérie de demain et se réserver une place au panthéon car, qu’il ne se trompe pas, les velléités dictatoriales ne le maintiennent au firmament du pouvoir que le temps d’une nuit pour se voir, à l’aurore, catapulté au fin fond des poubelles de l’histoire. Et dieu sait de combien de cadavres politiques , les poubelles de l’histoire regorgent.