(Extraits d’article)
Frédéric Oudéa, quarante-cinq ans, accorde aux « Echos » sa première interview en tant que PDG de la Société Générale. Le renouvellement de l’équipe dirigeante va se poursuivre « sans précipitation » et la banque refera bientôt un tour de ses enjeux stratégiques.
Que va changer votre nomination comme PDG par le conseil d’administration ?L’unification de toute la direction me permet d’avoir à la fois les responsabilités en termes d’animation stratégique et les leviers opérationnels au quotidien. Je serai encore plus impliqué dans la vie du conseil : l’organisation de ses travaux, sa composition, son évolution.
Ce sont des tâches supplémentaires, et c’est pour cela qu’Anthony Wyand a été nommé vice-président. Il est là pour m’aider dans ces fonctions non exécutives : il est au conseil depuis longtemps et il connaît parfaitement la Société Générale. Dans une banque, il est aussi important que le conseil ait un oeil indépendant.
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Votre rémunération va-t-elle évoluer du fait de votre nomination ?
Non. Je toucherai la même chose comme directeur général que comme PDG. Et, dans les dix-huit prochains mois, je ne recevrai ni stock-options ni actions gratuites. J’ai par ailleurs démissionné de mon contrat de travail de salarié en application des normes Afep-Medef. Je ne bénéficierai pas d’indemnités de chômage ou de retraite chapeau en cas de départ. En cas d’échec je n’ai pas non plus de parachute doré. Je suis sans filet mais cela me va très bien.
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Les dépréciations d’actifs restent cependant importantes. Faut-il en attendre d’autres cette année ?
Du fait de l’évolution du marché immobilier américain au premier trimestre et de la dégradation du rating des assureurs monolines notamment, nous avons ajusté les valorisations de nos portefeuilles en constatant 1,5 milliard d’euros de décotes sur actifs au 31 mars. Il est encore prématuré de dire que c’est la fin des dépréciations. Tout ce qu’on peut dire, c’est qu’un faisceau d’indices - l’évolution des prix, les mises en chantier, les ventes de l’ancien - font penser qu’on est très proche du point bas dans l’immobilier américain. En tout état de cause, ce n’est pas pour nous un enjeu stratégique et financier.
En optant pour l’émission d’actions préférentielles souscrites par l’Etat, vous laissez aussi entendre que la crise sera longue.
Nous entendons continuer à prêter à l’économie française. Et nous observons que les demandes des régulateurs vont vers davantage de capital, que nos concurrents français ont levé de fortes sommes et que les banques américaines pourraient rehausser encore leur ratio…
Nous avons donc décidé d’émettre les actions préférentielles mises à disposition par l’Etat, pour 1,7 milliard d’euros, ce qui nous donnera un coussin de sécurité en portant notre ratio Tier-1 à 9,2 % et notre Core Tier-1 à 7 %.