Les vives attaques de Lionel Jospin contre «l’illusion» Ségolène Royal ont semé le trouble lundi chez les socialistes. Le premier d’entre eux, François hollande, a appelé à en finir avec «les règlements de compte». «Le débat sur la campagne peut avoir lieu, toujours. Mais je pense que les socialistes doivent regarder vers l’avenir pour tirer toutes les leçons de ce qui n’a pas marché. Cela ne se réduit pas à des questions de personnes», a déclaré le premier secrétaire du PS à son arrivée à la Maison de la Chimie, à Paris, où les socialistes tiennent leur journée parlementaire.
Dans son livre L’impasse, Lionel Jospin estime que la candidate socialiste défaite à la présidentielle «n’a pas les qualités humaines ni les capacités politiques» nécessaires pour remettre le Parti socialiste en ordre de marche et «espérer gagner la prochaine présidentielle».
Pour François Hollande, l’échec face à Nicolas Sarkozy, troisième défaite présidentielle socialiste consécutive, est collectif. «Si nous n’avons pas été compris des Français, c’est parce que nous n’avons pas été suffisamment précis, concrets, rectifie l’ancien compagnon de Ségolène Royal. Nous n’avons pas saisi ce qui était attendu de nous, nous n’avons pas été suffisamment convaincants les uns et les autres.» Et de tenter d’apaiser le climat : «Je suis déterminé avec tous les socialistes dans un esprit d’unité à faire en sorte que nous ne passions pas toujours notre temps tournés vers le passé».
Arnaud Montebourg, lui, a été plus virulent. L’élimination de Jospin au premier tour de la présidentielle de 2002 devrait inciter ce dernier, selon l’ancien porte-parole de Royal, «à plus de modestie, de délicatesse dans la critique. Nous pourrions retourner à Lionel Jospin, qui est un des nos grands sages, un certain nombre de critiques». Gilles Savary, qui fut également porte-parole de la candidate socialiste, a jugé que cet ouvrage «déshonore» Lionel Jospin et représente «une offense aux 16,7 millions de Français qui ont voté pour Ségolène Royal au 2ème tour. Il est inspiré à l’évidence par une haine irrationnelle sur fond de rancœur personnelle.»
Enfin, parmi les parlementaires réunis par François hollande, certains déplorent ouvertement cette charge jospinienne. «Si tous les mois, on remet un euro dans la machine, on ne va pas s’en sortir. C’était une parole qui était attendue, elle est connue. Ce n’est pas Ségolène Royal seule qui explique qu’on ait perdu. Si on devait s’arrêter à cela, ce serait une contribution incomplète», a estimé Benoît Hamon, secrétaire national du PS. «La rénovation du parti, ce ne sont pas seulement des règlements de compte entre amis, des amertumes qu’on ressasse», a réagi le président du groupe PS à l’Assemblée, Jean-Marc Ayrault, en regrettant que ces «polémiques» ne «facilitent pas le travail des socialistes».