Ce week-end, l'histoire de la France et la pensée économie a connu un épisode que les médias n'ont pas relayé. Et c'est bien dommage, car cela aurait été l'occasion de débattre pour que demain nous ne trompions pas sur les mesures utiles pour la poursuite de la prospérité dans notre pays.
Ce week-end, donc, deux notions que tout à chacun croyait intimement liées, ont officiellement en France pris leur distance entre elle. Je veux parler du capitalisme et du libéralisme. Dans ce billet, je m'attarderai sur le second. Un prochain billet traitera du premier.
Désormais, la droite classique pour être qualifiée de capitaliste. Et le centre, que dis-je, les démocrates, de libéraux originels.
Les médias ont passé sous silence un passage du discours de François Bayrou, qui, quelque soit notre opinion politique, fera date.
Je veux ici vous mettre un extrait de ce que l'ancien candidat à la Présidentielle a déclaré dimanche 16 septembre 2007 provoquant spontanément une ovation de quelques 2 500 personnes réunies à Seignosse (Landes) :
(…) "L’œuvre entreprise [par Nicolas Sarkozy et le Gouvernement], c’est l’alignement de la France sur le modèle qui domine le monde et, ça durera quelques mois encore, sur l’administration qui l’incarne le plus ouvertement !
Le modèle où l’on vénère l’argent, non pas l’économie, non pas la création, non pas l’entreprise, mais où l’on propose l’argent comme valeur. La ministre de l’économie l’a dit, naïvement peut-être, sans nuances. Elle a dit : le but du gouvernement, c’est de « réhabiliter l’argent, corollaire du succès… ».
Je pensais qu’il y avait bien des choses à réhabiliter en France : l’effort, l’esprit critique, l’idée de justice, l’esprit démocratique, la séparation des pouvoirs, le respect des citoyens, l’amour de la liberté, mais j’avoue qu’il ne m’était pas venu à l’esprit que le but d’un gouvernement de mon pays pût être de réhabiliter l’argent. J’avais même l’impression qu’il se réhabilite bien tout seul, dans la société où nous vivons !
Et je conteste, en tant que père de famille, que le gouvernement vienne me dire que l’argent est le « corollaire du succès ». Comme père de famille, comme tous les pères et toutes les mères de famille de France, comme éducateurs, nous passons notre vie, et c’est parfois difficile, songez aux cités où l’on voit les trafics de sa fenêtre, nous passons notre temps à expliquer qu’il y a autre chose dans la vie, d’autres dignités, d’autres grandeurs, d’autres succès que l’argent ! Et nous aimerions bien que le gouvernement nous aide dans cette bataille qui consiste à transmettre à nos enfants une hiérarchie des valeurs, morales, intellectuelles, philosophiques, spirituelles !
L’argent, les biens matériels, il en faut, il y a beaucoup de gens qui en manquent, quelque chose me dit qu’il y aura dans les mois qui viennent, beaucoup de Français qui en auront moins. Et c’est vrai qu’il faut une politique qui permette à la France de trouver une croissance nouvelle, un emploi nouveau, comme nous le proposions pendant la campagne électorale.
Mais je crains que précisément cette orientation de fascination et de complaisance pour la réussite financière mette en cause, le jour venu, et il viendra très vite, la politique de rigueur qui se profile à l’horizon de cette rentrée." (…)
A travers cela, François Bayrou veut défendre des valeurs qui remontent aux fondements du libéralisme.
De quoi s'agit-il? Une doctrine qui prône la libre concurrence et pose l'Etat comme un régulateur. C'est-à-dire un ordre économique naturel réalisé par des mécanismes d'ajustements basés sur le libre jeu des agents économiques pris individuellement.
François Bayrou tout en se disant libéral prend ses distants avec ces fondements : (…) penser l’économique sans penser le social, et vouloir le social sans penser l’économique, c’est se condamner à l’échec, échec par rejet d’un côté, échec par insuffisance de l’autre. Nous voulons au contraire penser en un seul mouvement ce que nous avons appelé la « social économie » : créativité, solidarité, durabilité !" (…)
De libéral, il veut surtout défendre la liberté. Et donc l'oppression du plus fort sur le plus faible. En somme, il veut faire l'évangile de la social économie. Son fondement : le capital humain, une notion développée par l'économiste Gary Beker, prix nobel 92, où les salariés ne doivent pas être perçus uniquement comme une charge, mais avant tout comme un investissement. Cet investissement a deux grandes nature : la formation et la santé. L'objectif étant d'arriver à améliorer la productivité. Et c'est à l'Etat que revient une partie de la tâche d'assurer l'accès à tous à la santé et à l'éducation. Une approche compatible avec la droite? avec la gauche?