Résumé : Hanté par d’effrayants cauchemars dans lesquels un jeune garçon massacre ses parents à coups de hache, George Tatum vient d’être relâché de l’hôpital psychiatrique dans lequel il a passé plusieurs années. Considéré comme guéri, il ne tarde néanmoins pas à fausser compagnie à son médecin pour se rendre en Floride, où il harcèle une famille sans histoire…
Cauchemars à Daytona Beach est un film à l’histoire bien particulière, puisque son réalisateur, Romano Scavolini, l’a lui-même censuré des années après sa sortie (il date de 1982), le trouvant trop extrême. De nos jours, la version uncut du film n’est donc plus trouvable, mis à part sur de vieilles VHS ou en téléchargement illégal. Un grand merci donc à Celtixoan pour m’avoir permis de découvrir cette fameuse version intégrale d’un film culte.
Malheureusement, je dois avouer que je n’ai pas vraiment apprécié ce long métrage, et ce pour plusieurs raisons. La première de ces raisons est la constante impression de déjà vu qui ne m’a pas quitté lors du visionnage du film. En effet, j’ai eu la désagréable sensation que Scavolini s’est juste contenté de faire un mélange assez hétérogène de tous les films d’horreur à succès des années précédentes. La principale source d’inspiration du film est donc le Maniac de William Lustig, duquel Scavolini reprend l’idée du tueur psychopathe hanté par sa condition, et auquil rajoute l’idée des coups de fil anonymes à la Black Christmas. Les vadrouilles de celui-ci dans les quartiers glauques de New York, bien que très réussies et dérangeantes (notamment la très malsaine scène du peep show) évoquent le cinéma de Frank Henenlotter, et en particulier son fameux Basket Case sorti la même année. Quant au flashback et au final dans la maison, ils sont très largement repompés sur Halloween. Des influences diverses et variées donc, et pas très bien digérées tant elles sautent aux yeux.
Deuxième gros défaut, le scénario prévisible au possible. Car si au début on ne voit pas très bien pourquoi Tatum s’en prend à une famille apparemment sans histoire, les indices grossiers disséminés par Sccavolini ont tôt fait de mettre la puce à l’oreille du spectateur le moins attentif. Du coup, le twist final tombe totalement à plat. De même, certaines incohérences du scénario font que l’on a du mal à rentrer dans le film, ruinant les tentatives de rendre l’intrigue réaliste. On a ainsi beaucoup de mal à croire que le médecin de Tatum n’était pas au courant du fait que celui-ci avait massacré ses parents (vive la conscience professionnelle !), surtout qu’il est dit vers la fin que Tatum n’a même pas changé de nom ! De même, l’idée d’utiliser un ordinateur pour traquer le tueur est assez saugrenue et jamais crédible. Et enfin, le trauma d’origine du tueur (il a assisté à une séance sado maso entre ses parents et les a massacrés à coups de hache), s’il a le mérite de donner lieu à une séquence gorissime, est loin d’être crédible. A cause de tous ces défauts, le film a constamment le cul entre deux chaises, oscillant entre son désir de réalisme brut (notamment dans sa première partie) et ses incohérences énormes et ridicules.
Reste que tout n’est pas totalement raté. Les quelques séquences de meurtres sont il est vrai très graphiques et le film distille souvent une ambiance poisseuse du plus bel effet, malgré un certain manque de rythme. Scavolini n’hésite pas non plus à verser parfois dans le sordide, voire le carrément dérangeant (Tatum tue quand même un gamin vers la fin du film). Mais le plus intéressant reste le développement de CJ, un des gamins de la famille que Tatum harcèle. Celui-ci est très étrange, passant du statut de morveux agaçant avec ses blagues à la limite du mauvais goût (comme lorsqu’il fait semblant d’avoir été poignardé, une scène qui met vraiment mal à l’aise) à celui de héros qui sauve sa famille dans la dernière bobine. Mais surtout, la dernière image du film nous laisse entrevoir une autre interprétation du comportement de ce gamin, une interprétation qui fait froid dans le dos…
Cauchemars à Daytona Beach est donc un film à découvrir, pour son jusqu’auboutisme et ses séquences gores légendaires, mais comporte néanmoins trop de défauts rébarbatifs pour justifier le culte qui l’entoure…
Note : 5/10