Dans un premier billet consacré à nos entretiens, Franck, gérant indépendant du centre pédagogique Mondial Maths a exposé son parcours, les contraintes liées à l’ouverture d’un centre pédagogique, les types de cours qu’il dispense.
Suite et fin de nos entretiens : les aspects financiers, le recrutement des élèves, son avis à propos des offres de franchise.
Et financièrement ? Beaucoup de profs indépendants à domicile sont “salariés CESU”, ce qui n’est pas possible pour des cours au domicile de l’enseignant.
La plus grande difficulté d’avoir un centre privé se trouve au niveau des charges; d’une part, il faut payer ses frais fixes : local (loyer et charges locatives), électricité, téléphonie, connexion internet, publicité, honoraires comptables, assurance, mutuelle, matériel bureautique et consommables, etc…
Ensuite, après ces charges, il faut payer les charges sociales (Urssaf, caisse maladie, caisse retraite, taxe professionnelle, CSG, CRDS) relatives à une Entreprise Individuelle (soit 43% de ce qu’il reste après avoir payé ses frais fixes).
En résumé, il reste (avant impôts) entre 20 et 25% de ce que paye l’élève. Heureusement que les stages intensifs permettent de générer du chiffre d’affaire; car vu comme cela, les cours particuliers sont loin d’être rentables.
D’un autre côté, il n’y a pas de perte de temps en transport (qui peut diviser le prix du cours par 2 quand on passe du temps en transport pour se rendre chez l’élève).
Je déplore réellement le fait que les parents n’aient pas la possibilité de payer les cours en centre par CESU sous prétexte que les cours ne se font pas à domicile ; car je ne vois pas trop ce que cela change que l’élève ou le prof se déplace ? Cela créé à mon sens une concurrence que je qualifie de déloyale; d’ailleurs plusieurs organismes de cours en Centre comme Sylvan ou 2Amaths ont récemment déposé le bilan.
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Á propos de Sylvan et 2Amaths, voir ce billet Vidéo à propos du soutien scolaire.
Cela m’oblige à viser l’excellence et donner entière satisfaction si je veux ainsi garder ma « clientèle » afin qu’elle ne soit pas tentée de voir ailleurs.
J’ai contacté le gouvernement pour demander à ce que les cours en centre puissent aussi bénéficier de la loi de réduction d’impôts relative au service à la personne. La réponse a été rédhibitoire et sans appel.
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Effectivement, que les cours aient lieu au domicile de l’élève ou dans un centre ne change pas grand-chose.
Mais voila, autoriser le paiement des cours en centre par
Il existe d’autres services à la personne qui se font à domicile ou à l’extérieur du domicile - la coiffure, par exemple. Si on autorise la réduction d’impôts pour le soutien scolaire en centre, j’imagine que les coiffeurs la réclameront à cor et à cri pour les salons de coiffure, puis ce seront d’autres corps de métier, puis encore d’autres,…
Maintenant, avoir une entreprise à soi peut avoir aussi des avantages, par exemple, beaucoup de frais peuvent être « supportés » par l’entreprise : frais d’essence, téléphonie, connexion internet, possibilité d’acheter son local avec un montage de type SCI, mutuelle (via la loi Madelin); donc le bénéfice restant sur le bilan comptable ne reflète pas réellement le salaire perçu. Pour finir, il peut y avoir une revente possible de l’enseigne au moment de la retraite.
Et je pense aussi que des parents ont davantage confiance en une entreprise qui a pignon sur rue qu’en un prof indépendant qu’ils « doivent » recevoir chez eux.
Comment faites-vous pour trouver des élèves ?
Cela se fait principalement de bouche à oreille, souvent au sein d’une même famille (frère ou sœur, cousin…) et amis, surtout après 12 ans d’activités à plein temps dans le domaine du soutien scolaire.
Irrégulièrement, je fais distribuer des tracts à la sortie des lycées; mais la retombée est faible, car les étudiants saturent de récupérer des tracts à la sortie des lycées.
Mon site internet d’aide aux devoirs en ligne (
Mondial Maths) m’a apporté quelques clients; et j’aimerais vous faire partager une petite anecdote…Un jour une élève de Terminale S me contacte pour faire un devoir délicat (où elle m’avouera par la suite qu’un étudiant de grandes enseignes de cours à domicile avait littéralement séché), et utilise mon site pour obtenir la correction. Suite à cela, elle décroche la note rêvée de 20/20… et ensuite est venue à tous mes stages intensifs de vacances et a convaincu trois autres amies de venir avec elle.
Je tiens au passage à préciser que j’ai créé ce site d’aide en ligne en 2004, non pour inciter les jeunes à la triche, mais pour palier au manque à gagner en raison d’une baisse de chiffre d’affaire corrélée, selon moi, par l’explosion des organismes de cours à domicile sur Nice.
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À propos de son site d’aide en ligne, Franck fait allusion au buzz FaisMesDevoirs.com.
Quand je me suis installé en 1997, nous étions 3 «confrères», aujourd’hui j’ai 39 «concurrents» !
Je reconnais que cela peut paraître alléchant pour un parent de diviser le prix du cours par 2 et d’avoir quelqu’un qui se déplace à domicile… mais malheureusement la grande majorité des enseignants sont des étudiants sans expérience qui éprouvent de grandes difficultés à enseigner aux élèves de la série S.
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Totalement d’accord. La majorité des intervenants des organismes de soutien scolaire sont des étudiants, et pour ne pas perdre un client les commerciaux de ces organismes, baptisés conseillers pédagogiques, sont prêts à vendre n’importe qui pour enseigner n’importe quoi…
Je tiens juste à souligner qu’il m’a fallu 6 à 7 ans d’enseignement à plein temps pour être pleinement opérationnel (tant pour faire une synthèse de cours au pied levé que pour résoudre n’importe quel problème). Un autre problème que je rencontre avec les organismes de cours à domicile : la plupart des centres « coincent » les élèves avec eux via des forfaits qui peuvent s’étendre sur plus de six mois, empêchant alors l’élève de voir ailleurs.
Que pensez-vous des offres de franchise en centre pédagogique que l’ont voit ici ou là ?
Je déconseille vraiment à ceux qui veulent se lancer dans le soutien scolaire en centre de passer par une franchise : tout d’abord l’apport demandé est énorme, et il faut reverser un pourcentage du chiffre d’affaire (de l’ordre de 10%) plus une participation pour la publicité sur le plan national. Autrement dit, la rentabilité se trouve du côté des franchiseurs.
Se lancer en indépendant en local sans être connu me paraît vraiment difficile car les grandes enseignes de cours à domicile font du matraquage publicitaire et constituent ainsi une grande concurrence; et la loi de réduction d’impôts liée au service à la personne est très incitative pour les parents. J’espère vivement que, compte tenu du mauvais contexte économique que cette loi soit supprimée afin que nous puissions tous travailler à armes égales.
L’État est-il encore en mesure de se priver de recettes fiscales ? Ou bien, tant qu’à faire qu’il fasse aussi profiter les organismes de cours en centre de la loi de réduction d’impôts; cela permettra de supprimer cette concurrence déloyale.
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Objectivement, il existe un vrai besoin de services à la personne à domicile, en particulier pour le service aux personnes âgées. Le pari de l’État est d’une part de récupérer en cotisations sociales (travail déclaré) ce qu’il perd de l’autre (réduction ou crédit d’impôts), et d’autre part de baisser les chiffes du chômage.
À noter que le “soutien scolaire en mini-groupes dans les zones urbaines sensibles” peut désormais bénéficier de la déductibilité fiscale (info trouvée sur le
Pour contacter Franck et
Mondial Maths :- - par courriel : [email protected]
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