De la plaie des temps modernes

Ou de notre croix à tous, j’ai nommé : gagner du temps. Et comme dans toute bonne histoire, il y a les bons et les méchants.

Les bons, c’est nous. C’est vous, c’est moi, c’est Mr Tout le monde. Mr Tout le monde qui va bosser tous les matins, pas très content du temps qu’il fait, qui aime sa femme et ses enfants, paye ses taxes, joue à la pétanque et profite des longs week-ends de mai pour emmener madame à Rome.

Les méchants c’est eux. Eux : les compagnies aériennes ! Les nouveaux dragons du 21è siècle que les princes charmants doivent pourfendre à grands coups de lettre de réclamation pour sauver leur princesse des stand-by tickets, nouvelle torture des temps modernes.

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Ce week-end, j’étais Mr Tout le monde, en week-end à Rome. Formidable… Jusqu’à ce que le dragon n’arrive et fasse des siennes.
J’étais partie en croisade, en quête de Temps Gagné et j’avais fort bien réussi en prenant un avion à 7h du matin, vendredi (lever à 4h30, check-in à 6h), pour pouvoir marcher de l’aube au crépuscule et voir tout Rome en trois jours.

La croisade devait s’achever en une apothéose de génie d’organisation avec un avion à 19h00, de manière à ne pas gâcher la journée du dimanche sans arriver au bureau, le lundi matin, la tête encore dans les lasagnes.

Vers 21h00, ce dimanche donc… j’entendis une voix, au loin, atteignant le brouillard de la semi-conscience qui s’était emparée de moi, dans l’avion dans lequel j’attendais depuis deux heures déjà :
« Ladies and gentlemen…. ». Bref, pour diverses raisons d’ennuis techniques, l’avion ne décolla pas, nous laissant fort dépourvus, en plein milieu de l’aéroport.

Enfin, quand je dis « fort dépourvus », je parle surtout des génies d’organisation fort malheureusement pourvus de stand-by tickets qui ne leur donnent pas le droit à la confortable chambre d’hôtel, gracieusement offerte par les méchants pour faire passer la pilule… Ni d’ailleurs, de places, le lendemain matin dans l’avion spécialement affrété pour les victimes de la croisade.

Non, les stand-by tickets sont les vrais prisonniers de guerre, dormant à même le sol d’un aéroport quelconque, encerclé par une population hostile ne parlant pas l’anglais, condamné à quémander une place de retour avion après avion, et regardant, impuissants, s’abîmer, minute après minute, leur belle victoire sur le Temps Gagné ! Voilà !

Ce que je connais le mieux de Rome, c’est son aéroport. Les méchants s’en sont envolés vers les cieux parisiens me laissant croupir dans la geôle romaine de Fiumicino aeroporti !

Je vous le dis, la prochaine fois, je prends le train et une micheline encore ! Histoire de faire un joli pied de nez au Temps Gagné