Après le parvis grouillant de conciliabules, l’université commence par les discours d’ouverture dans un auditorium bondé. Irénisme, réconciliation, rénovation, réflexion, etc, etc… Le discours de Cambadélis brasse la moiteur ambiante comme un ventilateur poussif. Il est parfois mollement applaudi sur quelques banderilles convenues comme celle-ci à propos de Sarkozy : «…la communication comme idéologie, l’émotion comme énergie » , une banderille qui s’appliquerait parfaitement aussi à Ségolène mais sans doute n’y avait-il pas pensé…
Ségolène Royal est là, justement, avec quelques autres à côté de la tribune où Camba s’éternise. A un moment une fille vient lui apporter un papier, probablement le texte de son intervention. C’est bientôt son tour. La salle est chaude comme un fruit mûr gorgé de soleil. Ségolène est ovationnée et nous dit qu’un vent nouveau s’est levé sur La Rochelle, que les Français nous regardent, que c’est une grande joie d’être ensemble, que des idées vont sortir de ces travaux rochelais, qu’on a la chance qu’il n’y ait pas d’échéances électorales immédiates… Des rires et mouvements divers ont alors salué cette sortie qui ressemble un peu à une bourde, eu égard aux municipales de 2008 et au nombre de candidats potentiels présents dans la salle… A chacun ses échéances ;-) !
Ensuite, la Patronne a proposé deux idées : une articulation plus étroite du pouvoir entre les échelons local, national et mondial ; la liaison du socialisme du 21ème siècle avec la question de l’écologie qui ne devra plus « être sous-traitée à d’autres ». Pour ça, il y a un avenir dans l’économie circulaire nous dit-elle en s’excusant de ne pas pouvoir entrer dans les détails. Et hop applaudissements et l’auditoire transpirant se dirige vers les ateliers ou la buvette.
Je zappe un peu entre différents ateliers, je vais faire un tour en ville, je reviens . Je croise quelques militants de Niort mais pas la délégation conduite par Première Féd’. Un confrère me raconte le “off” de la dernière interview de la Patronne dans son canard. On se marre. Sur le parvis, je tombe sur mon ministre Arnaud encravaté et distribuant sa carte de visite à qui en voulait. Son blog est en jachère mais c’est pour la bonne cause : il était attaché parlementaire en CDD au service du benjamin de l’Assemblée nationale, Olivier Dussopt. Son contrat avait beau se terminer le lendemain, il a quand même essayé de me vendre une interview de son boss ! C’est un garçon capable et disponible, je vous le recommande.
J’ai l’impression qu’à tout moment, il y a autant de monde dans les ateliers qu’en dehors… C’est que cette université, comme toutes les universités politiques, est aussi (surtout ?) un lieu pour se rencontrer, parler boutique, nouer telle ou telle alliance, contacter untel qui connaît tel autre qui lui-même a de l’influence sur un troisième en vue de telle échéance à tel niveau de telle fédération. Ou de telle municipalité…Les groupes et les courants s’observent, se composent, se recomposent ou se décomposent au gré des alliances ou des affinités… C’est là que ça se passe.
En effet, les interventions des importants (la Patronne au début, le Patron à la fin) sont surtout de la communication externe à l’usage des médias. On retiendra ainsi, par le prisme médiatique, que ces journées auront vu moins d’éléphants que de militants, qu’elles auront été des journées d’observation et d’introspection, et que le Patron (Hollande) aura accentué in fine la droitisation du parti… Les ateliers, je ne dis pas qu’ils ne sont pas intéressants. Ils apportent en tout cas leur lot d’informations ou de témoignages. Mais l’essentiel se passe dans les couloirs, pour tout « universitaire » socialiste déjà fortement impliqué dans la vie du parti, à plus forte raison élu. L’université d’été du PS (et probablement aussi des autres partis) ressemble à un grand mercato, où s’effectuent les transferts, les ententes, les alliances et peut-être les renversements d’alliances de demain.
Alors que va-t-il se passer demain ? J’ai chopé la réponse en m’en retournant. Flanqué d’une jolie brune, l’augure avait les allures d’un important ou se croyant tel, genre premier fédéral ou apparatchik quelconque. Ventru binoclard avec un fort accent méridional., le zigue beuglait dans son téléphone portable une spéculation péremptoirement assénée : « L’idée, c’est de regrouper le clan Royal, le clan DSK, le petit clan Montebourg et quelques éléments du clan Fabius contre le clan Hollande. Tu vois ? ».
C’est tout vu ! Le “diagnostic pour une rénovation” s’avère hautement spéculatif !