Magazine Culture

Gwokas à la Gare du Nord

Par Gangoueus @lareus
Gwokas à la Gare du Nord Copyright Leucippus
Je ne résiste pas à la tentation d’évoquer un événement auquel j’ai assisté lorsque d’un passage qui se voulait éclair à la Grande Gare du Nord de Paris. Dimanche 09 Mai, 12h00.

J’attendais patiemment l’embarquement d’un passager sur l’Eurostar. C’est un peu comme quand on prend un avion. Il faut arriver très tôt sous peine de louper son train pour la perfide Albion. L’affluence n’était pas énorme à cette heure du repas dominical. Il y avait un bruit de fond, éloigné, au sein de la gare. Quand j’ai vu le drapeau haïtien qui flottait près du lieu d’où venait le vacarme, je me suis tout de suite rapproché.

Des musiciens aux tenues créoles battaient le tambour devant un stand aménagé autour de la commémoration de l’abolition de l’esclavage. Vous pensez bien qu’avec les lectures actuelles que je fais actuellement, je ne pouvais être indifférent à cette manifestation festive et j’y retrouve en illustration quelques personnages de mes dernières lectures : Barnave, le député grenoblois esclavagiste, Moreau de Saint-Mery du club Massiac, l’Abbé Grégoire de la Société des Amis des Noirs qui a tant œuvré sous la Révolution afin les grands principes énoncées s’appliquent aux populations exploitées sous le joug de l’esclavage dans les colonies françaises. Mais surtout, ces images d’esclaves enchaînés… Pour dire que les panneaux de l’Association de Cheminots qui est à l’origine de ce projet étaient synthétiques mais très instructifs.
Entre temps, le son de la musique, au fur à mesure que je m’approchais de l’espace d’animation s’était affiné et était plus agréable à l’écoute que les effets d’échos qui me parvenaient initialement de la plateforme d’embarquement. Gwoka. A la gare du nord. On a beau dire, souligner les points de divergences du Grand bazar noir de France, quand on entend, on ressent les vibrations du gwoka pour eux, du tam-tam pour moi, on est quelque peu ému de constater l’une des principales survivances de la culture africaine aux Antilles. On a cela en commun. Le Gwoka subjugue, le gwoka est une invitation à la danse, un désir de communion entre lui et le danseur… Certains spectateurs se sont lancés sur la piste devenant ainsi acteurs. Pas forcement ultramarins. Comme ce voyageur antillais débarquant de Londres qui nous a dispensé de ses pas gracieux, de sa candeur, de son extase, répondant ainsi à l’invitation du tam-tam, et dont j’ai personnellement cru qu’il aurait basculé dans une transe magnifique s’il n’eut été interrompu dans son enjaillement. Comme au Congo. Comme quelque part en Afrique. Comme quelque part en Colombie ou au Brésil. Vous avez donc une petite idée de l'ambiance qui a prévalu.

Modeste mais magnifique commémoration de cette histoire douloureuse. Loin des discours politiques et des polémiques, le tam-tam a parlé des souffrances passées de beaucoup, hier, à l’imposante Gare du nord.
Gwokas à la Gare du Nord

Source Photo Gwokas


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Gangoueus 8178 partages Voir son profil
Voir son blog

Dossier Paperblog

Magazines