Or donc ce dernier week-end m'a vu de corvée au Musée . Oh corvée est un mot totalement inapproprié, pour moi c'est du plaisir pur et c'est là où je me régénère après de dures heures de labeur dans mon boulot ”gagne-pain” (mon p'tit Cédric, tais-toi, je te vois venir avec tes gros souliers. Et si tu me dis que tu n'as rien dit, eh ben t'allais dire, c'est la même chose ! Non mais, crapaud de jeune…).
Or donc disais-je, j'en ai profité pour faire une petite vidéo d'une serinette :
On ne le dirait pas mais c'est la pièce la plus ancienne que nous ayons. Elle date de 1750 et a été fabriquée à Mirecourt dans les Vosges.
Tout d'abord, serinette ça vient de serin. Bon d'accord, c'est pas un scoop. Et un serin, c'est un oiseau. Alors quel rapport entre ce petit instrument et les oiseaux ? Ben ça servait à leur apprendre à siffler. Au début, c'était vraiment le but de ces pièces. Pour avoir vu un fac-similé de mode d'emploi de l'époque, je vous jure que cela n'avait rien à envier à celui d'un téléphone portable ou un caméscope aujourd'hui. Y'en avait des pages et des pages, expliquant quels oiseaux faillait détenir, ce qu'il fallait leur donner à manger, où placer la cage, quels airs il fallait leur jouer et à des heures bien précises, et pour combien de temps, etc. etc. Ca a donné le verbe "seriner", répéter inlassablement quelque chose pour le faire entrer dans la tête des écoliers par l'institutrice ou l'instituteur, ou dans la tête de nous autres maris par nos femmes…
Au début du 19ème les serinettes ont amené l'orgue de barbarie, instruments plus imposants avec un nombre de flûtes plus grand, en bois ou en métal. Alors là, on a tout à fait le principe de base de la musique mécanique. La manivelle fait tourner une vis sans fin qui actionne le soufflet envoyant ainsi l'air dans les flûtes à l'arrière du cylindre. En même temps, elle fait tourner le cylindre de bois. Les clous plantés dans le cylindre vont ouvrir ou fermer les flûtes par l'intermédiaire de petits leviers. Si on déplace le cylindre, on peut jouer plusieurs mélodies par décalage des pointes par rapport aux leviers qui représentent les notes ; il y a 8 mélodies sur ce modèle-ci :
1 La vieille de Morteau
2 Maître Corbeau
3 ? (illisible et je ne connais pas cet air)
4 J'ai du bon tabac
5 Le Roi Dagobert
6 Au clair de la lune
7 Les cloches de Corneville
8 ? (illisible et je ne connais pas cet air)
Ben tiens, ”La vieille de Morteau”, voici les paroles ci-dessous, c'est marrant :
A Morteau, y a-t-une vieille
Qu’a passé quatre-vingts ans
La bribrambran, brambran
La vieille !
Qu’a passé quatre-vingts ans
La bribrambran !
Jean Droguet, qui la courtise
Crut qu’ell’ n’avait pas vingt ans
La bribrambran, brambran
La vieille !
Qu’a passé quatre-vingts ans
La bribrambran !
Jean Droguet, si tu m’épouses,
Tu seras riche marchand,
La bribrambran, brambran
La vieille !
Qu’a passé quatre-vingts ans
La bribrambran !
Tu auras quatre-vingts vaches
Et autant d’argent vaillant,
La bribrambran, brambran
La vieille !
Qu’a passé quatre-vingts ans
La bribrambran !
Il lui r’garda dans la bouche,
Il n’y trouva plus qu’deux dents.
La bribrambran, brambran
La vieille !
Qu’a passé quatre-vingts ans
La bribrambran !
L’une faisait crique croque,
L’autre en faisait tout autant.
La bribrambran, brambran
La vieille !
Qu’a passé quatre-vingts ans
La bribrambran !
Il lui r’garda dans l’oreille
La mousse poussait dedans.
La bribrambran, brambran
La vieille !
Qu’a passé quatre-vingts ans
La bribrambran !
Le mardi se fit la noce,
L’mercredi l’enterrement.
La bribrambran, brambran
La vieille !
Qu’a passé quatre-vingts ans
La bribrambran ! 1878, Max Buchon
Bon ben, voici la petite vidéo toute fraiche de ce dernier samedi. La serinette est tournée par la charmante jeune-fille Coralie, de L'Auberson. D'ailleurs, elles sont toutes charmantes, les jeunes-filles de L'Auberson et ne peuvent s'épanouir que pleinement dans une atmosphère aussi saine…
Ben tiens, dans le même ordre d'idées : un dimanche en fin de journée au musée, le regretté Frédy, l'un des trois frères fondateurs du Musée et moi prenions notre portion de fruit (raisin) habituelle devant l'entrée du Musée. Un groupe de Genevois regardait les vitrines avant de prendre le chemin du retour. Une charmante dame s'approche de Frédy et lui dit : ”C'est fou comme l'air est bon et si pur à L'Auberson, qu'est-ce que vous devez devenir vieux par ici !". Frédy, qui avait un sens de la répartie inné, lui répond du tac au tac : ”Vous ne croyez pas si bien dire, Madame ! Pour pouvoir inaugurer le cimetière on a dû emprunter un mort à Yverdon…”
Et puis, pendant qu'on y est, revoici la vidéo de la serinette de Xavier . On dirait la même :
Allez, bonne semaine à toutes et tous et quoi que vous fassiez, faites-le bien !