Le magazine relève que Nicolas Sarkozy “a été en partie élu Président de la France en expliquant que le modèle français était moribond, et en vantant les louanges des modèles britannique et américain”.
Il voulait copier Margaret Thatcher et se retrouve en digne héritier de Colbert. Elu sur sa volonté affirmée de rompre avec un modèle économique devenu ennemi de la croissance et surtout un modèle social selon lui dépassé,sclérosé, facteur d’inertie et d’assistanat, Nicolas Sarkozy sous le vent de la crise a opéré un revirement idéologique total. Il voulait, réforme après réforme, démanteler, casser, ce maudit modèle social pour nous rapprocher des canons du modèle libéral anglo-saxon. Et voilà l’homme pressé obliger d’attendre.
Fortement secoués par la crise les anglo-saxons ont entre temps découvert les avantages du système de protection sociale français qui certes pèse lourd en terme de prélèvements mais qui en contrepartie amorti considérablement les ravages en terme d’emplois causés par les spasmes de l’économie. Peu importe que le chef de l’Etat tire les lauriers de la gloire d’un système qu’il abhorre si l’intérêt porté par les dirigeants de Londres et de Washington au « modèle français » nous offre un sursis inespéré. On peut craindre en effet que notre Président ne revienne à ses premières amours lors du retour à une conjoncture plus favorable et n’accuse demain le système aujourd’hui encensé, de constituer un frein à la croissance.
C’est ça Nicolas Sarkozy, à juste titre qualifié de président caméléon. Etre capable de seposer en défenseur de la propriété intellectuelle avec la loi Hadopi et dans le même temps de pirater Jaurés.De sabrer l’héritage gaulliste par un atlantisme à tous crins et de revendiquer l’intervention de l’Etat dans l’économie. Plus qu’un paradoxe, il s’agit d’un opportunisme politique débridé et surtout décomplexé.