L’affaire est ce qu’elle est. Ses analyses restent “personnelles”. Mais dans un pays où les libertés fondent, donner la parole est un acte citoyen avant tout. Morceaux choisis…
Avez-vous été entendu ? Connaissez-vous maintenant le dossier, au moins indirectement ?
(…) après cinq mois, je n’ai toujours pas été entendu et je ne sais pas quand je le serai. (…) je ne dispose d’aucun accès au dossier, donc d’aucun élément tangible étayant les accusations. (…) depuis le 26 janvier, j’ai dit que j’étais prêt à me justifier devant la justice de mon pays (…)
Plus personne ne vous voit à l’Assemblée ni au siège du PS. Seul Jean-Paul Huchon vous accueille au conseil régional d’Ile-de-France. Avez-vous le sentiment d’avoir été lâché et, comme aurait pu dire François Mitterrand, « jeté aux chiens » ?
(…) j’ai estimé qu’il était difficile de rester dans le même temps en première ligne (…) je tiens mes permanences de député en Essonne et je fais mon travail de vice-président de la région Ile-de-France (…)
Considérez-vous être la victime d’un règlement de comptes politique et, dans ce cas, au travers de votre personne, cela vise qui ? Ségolène Royal, dont vous étiez proche ?
(…) Je n’accuse personne, je constate. Avant même que ne commence vraiment « l’affaire », le document accusatoire était déjà en distribution au palais de justice et dans les rédactions. (…) J’ai de fortes présomptions, des indices sérieux, des traces laissées ça et là, mais je reste prudent (…)
Dites-vous aujourd’hui : « je suis innocent » ou « j’ai peut-être fait des bêtises, mais je ne suis pas celui que certains décrivent » ?
(…) personne n’a détourné l’argent d’entrepreneurs ou d’associations. (…) Je conteste la légitimité (…) du rapport ainsi que son contenu, basé sur des allégations mensongères. (…) au final, je prouve et je la prouverai mon innocence (…) Le but recherché, orchestré, était avant tout le lynchage médiatique (…)
Vous l’amateur de montres, vous avez admis un jour : « Je suis un acheteur compulsif… »
(…) j’ai une discussion avec un de vos confrères. Une discussion amicale (…) je lui ai répondu par provocation : « Vous allez bientôt me dire que je suis un acheteur compulsif ! » (…) j’ai vraiment compris la folie médiatique dans laquelle j’étais (…) chacun voulait d’abord juger et me condamner (…)
Les policiers enquêtent sur votre « train de vie » qui serait spectaculaire. Maison de vacances, voyages, poker… Qu’y a-t-il de vrai ?
(…) Même les histoires les plus folles, incongrues. (…) Ma maison de Vallauris (…) je l’ai achetée il y a vingt ans et cet achat a été examiné par toutes les commissions possibles et imaginables de ce pays. Quant au reste (…) tout cela est évidemment faux, archifaux. Cela fait partie de la mise en scène élaborée (…) qui a su trouver un relais complaisant chez des gens peu regardants sur l’éthique de l’information.
Mais votre silence ?
Je m’expliquerai devant la justice et personne d’autre. (…) on dit : Julien Dray se cache, Julien Dray ne parle plus, donc Julien Dray est coupable. CQFD. (…) quand j’ai vu le viol de l’intimité, l’indécence et les discussions folles (…) je me suis dit que, sur cette question-là au moins, je ne céderai pas.
Alors que Nicolas Sarkozy vient de passer le cap des deux ans à l’Elysée, le PS ne doit-il pas admettre qu’il a très longtemps, trop longtemps sous-estimé l’homme Sarkozy ?
(…) Le problème pour la gauche est de sortir du rythme sarkozien. (…) Ce qui compte pour lui, c’est l’apparence d’action (…) il faut prendre le temps de revenir inlassablement aux vraies questions (…)
Diriez-vous que la gauche est en train de réunir les conditions d’une victoire à la présidentielle de 2012 ?
Il n’y aura pas de victoire en 2012 sans (…) grande coalition arc-en-ciel…
Cela veut dire quoi ?
Une coalition allant des modérés du MoDem à l’extrême gauche. (…)
Avez-vous des regrets ?
Oui. Au début, je me suis laissé balader. (…) Donc, je vais me battre.