De retour après trois jours! et un séjour à Angers qui appartient, avec intensité, à mes souvenirs d'enfance. Passage à l'Hopital Saint Jean dans la salle des Grands Malades, non pour me faire soigner, mais pour y prendre un remède contre toutes les inhumanités qui rongent notre monde et nos esprits en ce siècle naissant. Le remède est signé Jean Lurçat avec son "Chant du Monde ".
C'est une suite de dix tapisseries monumentales ( 347 m2 ), unique au monde, qui constitue une vision épique, poétique, symbolique et humaniste du 20e siècle. C'est le Manifeste d'un
artiste engagé. Une conscience de l'art, une picturalisation de la pensée qui rejoint les grandes interrogations de l'homme dont l'approche, visuelle, est universelle.
Elle illustre sur quatre-vingts mètres de long les angoisses et les espérances de l'homme à l'ère atomique, la "poésie" étant la réponse ultime, optimiste et
victorieuse aux agressions diverses représentées essentiellement par L'Homme d'Hiroshima .
L'actualité, la densité des couleurs et le jeu des formes tissées mettent Jean Lurçat au rang des artistes qui transgressent les notions de temps pour, à jamais nous faire entreprendre un voyage
initiatique sur le devenir et le sens de nos sociétés. Il est également le témoin privilégié de nos inquiétudes et surtout de nos espérances. Il dépasse dans son expression artistique l'instant
pictural qui légitimement peut manifester le refus d'un fait. Il n'est pas dans la colère de l'injustifiable que transmet à juste titre un Guernica. Son Chant du Monde "flotte"
sur le temps, il est essence pure d'humanisme, il est philosophie.
Le lendemain, samedi, j'ai re-découvert l'oeuvre qui influencé en 1937, Jean Lurçat. La Tapisserie médiévale de l'Apocalypse et ses 800 m2, joyau de notre notre patrimoine mondial. Sans
commentaire.
Post Scriptum: la salle des grands malades de l'Hôpital Saint-Jean est inscrite au patrimoine de notre humanité car elle fut le lieu où Saint Vincent de Paul organisa son hôpital pour les plus
démunis...