Autant le dire d’emblée : Hayao Miyazaki est l’un de mes réalisateurs préférés, et Ponyo était certainement le film que j’attendais le plus cette année.
Comme toujours, un film est toujours précédé d’une rumeur, et pour Ponyo, j’entendais chuchoter que c’était un “film mineur”, bref, quelque chose de pas totalement abouti. Mon attente avait donc un peu diminué, de peur d’être déçue.
Alors voilà, on lit beaucoup ça, sur Ponyo, “film mineur”, ou encore “c’est quand même beaucoup pour les enfants”.
Et ce n’est pas faux. On n’est pas dans l’ampleur mythologique de Princesse Mononoke ou dans l’épopée psychanalytique du Voyage de Chihiro.
Ponyo, c’est vrai, peut être vu sans difficulté par de très jeunes enfants (ce qui n’est pas le cas de tous les Miyazaki). Pour autant, ça ne veut pas dire que le film soit dénué de profondeur et d’intérêt.
Là où Chihiro faisait appel à notre sensibilité mais aussi à notre intelligence, notre culture, Ponyo se branche d’emblée sur notre coeur d’enfant, sans qu’il y ait besoin d’autre chose pour “comprendre”. C’est une compréhension immédiate et instinctive.
Alors bien sûr, Miyazaki joue des références, avec son récit à La Petite Sirène de Hans Christian Andersen (l’histoire d’une fille-poisson qui veut devenir une humaine par amour), avec son héroïne qu’il prénomme Brünehilde tandis que Joe Hisaishi s’amuse à pasticher la Chevauchée des Walkyries (de la tétralogie de Wagner, on ne retrouve finalement que peu de choses, à part ce don de la fille à son promis par le père).
Mais avant tout, il s’agit d’émerveillement. Le héros est un tout jeune enfant, capable de s’enthousiasmer pour un détail, de se passionner pour un poisson bizarre recueilli dans la mer. Ponyo elle-même est une très jeune héroïne, avec des sentiments aussi simples que forts, et un comportement aussi décidé qu’attendrissant (ses endormissements intempestifs, irrésistibles).
Le récit s’encombre parfois, mais comme toujours chez le réalisateur, de digressions étranges (avec Fujimoto, le père, en particulier) ; mais rien ne vient pourtant entraver la douceur généralisée qui flotte sur le film. Les deux figures maternelles sont d’ailleurs extrêmement douces : la mère de Sosuke prend Ponyo sous son aile et lui sert un thé au miel, moment très émouvant ; mais même la mère légendaire, figure qui pourrait être un peu effrayante (on se rappelle de la terrible Yubaba dans Chihiro), n’est qu’un flot d’amour et de tendresse.
Ponyo ne va pas chercher très loin son pouvoir d’évocation. C’est un film simple, facile d’accès, mais qui peut nous ramener à des émotions enfantines, qui, elles, viennent de très loin, sur quelques images, quelques notes de musique. C’est pour moi l’essence même du génie de Miyazaki.